Artiste/Groupe:

Tuna de Tierra

CD:

Tuna de Tierra

Date de sortie:

Septembre 2017

Label:

Argonauta Records

Style:

Stoner Desert Rock

Chroniqueur:

dominique

Note:

15/20

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Jamais à l’écoute de l’album éponyme de Tuna de Tierra, je n’aurais osé penser que ce groupe stoner rock pouvait être originaire de Naples. Et je parle bien du Naples de la botte transalpine, pas celui de Floride. Tuna de Tierra, c’est normalement du rock comme seul peuvent en faire des types isolés au milieu d’un désert US. Entre rock psychédélique, blues rocailleux et stoner aux rythmes lents, cet album est, contrairement à ce qu’annonce la pochette, tout sauf aride. Je dirais même que c’est une source de jouvence pour un style éprouvé, parfois en manque de renouvellement. Avec des titres assez longs, qui semblent tout droit sortis de bandes-son de films, et des tonalités qui me font penser à certains bons albums des années 80 et 90, ce disque est ce que l’on appelle une belle surprise.

L’ouverture de l’album se fait avec le mélodieux Slow Burn. Digne héritier des vieux albums de Queens of the Stone Age, ce titre 100% musical profite du style old school de la guitare. Le son travaillé, sale et en raisonnance, agit comme une mise en bouche pour la suite. Morning Demon enchaîne avec sa trame de fond joueuse. Le son un peu plus lourd de la guitare peut en effet s’appuyer sur la batterie de Jonathan Maurano et sur une ligne de basse bien présentes. Toutefois, aucun de ces deux instruments ne semble vouloir réellement prendre la lumière et laisse la place aux cordes d'Alessio De Cicco. Les consonances Stone Roses apportent un côté cool sur les premières parties chantées. La seconde partie du titre, après une rupture de rythme médiane, est encore plus intéressante. Cela monte progressivement et finit par se lâcher franchement. Le son devient lourd, les parties chantées plus franches, presque criées. Comme l’album en général et comme pas mal d’autres titres, Morning Demon est bien construit, suggérant une certaine maturité d’écriture au sein du groupe. Out Of Time fait très bande originale de film. On le croirait fait pour couvrir des scènes d'Une Nuit En Enfer, ou alors d’autres films d'esprit Tarantinien. Le rythme est lent, presque langoureux. Le chant est minimaliste, mais totalement en ligne avec la trame du titre. Out Of Time donne, dans un premier temps, une impression de trop chaud, d’être en attente de quelque chose. En milieu de titre, les choses s’accélèrent et le titre devient carrément rock et très musical. Batterie, tout en cymbale, et basse prennent plus de place. Refrains et couplets s’enchaînent naturellement, harmonieusement. Il en va de même pour la rupture finale où un son soul-psyché apporte également sa contribution. Au final, les dix minutes du titre passent très vite. Un signe de qualité.

Tuna de Tierra

Le blues de Long Sabbath’s Day offre un tempo encore plus lent. On doit voir ce titre court, tout droit sorti d’un champ de coton, comme un lien entre deux titres plus longs. Son épuration instrumentale (deux cordes de guitares, une cymbale et des claps de mains), facilitent cette transition. On reste dans la lenteur et une sorte d’apathie générale avec Raise Of The Light. Ce titre souffre d’ailleurs un peu de cette lenteur. On ressent à ce moment de l’écoute le petit manque d’envolées et d’énergie qui ferait de ce Tuna de Tierra, un album exceptionnel. Heureusement, les lignes mélodiques de la guitare d’Alessio De Cicco finissent par donner un peu de volume après la mi-titre. A noter encore ici le gros travail de fond de Luciano Mirra à la basse. Le rythme lent proposé dans Mountain ne ressemble pas à la langueur des autres titres. Cette fois la lenteur est plus proche de la mélancolie que de la chaleur. Mountain est bien structuré et apporte quelque chose de nouveau par rapport à ce qui avait été présenté avant. La simplicité du titre met plus en valeur le travail de la basse et de la batterie. La voix d'Alessio De Cicco, plus parlée que chantée, est ici encore parfaitement en ligne avec l’atmosphère pesante d’un morceau aux consonances du The Cure des années sombres. Laguna est un beau titre de conclusion. Il débute entre blues et stoner et se conclut sur des tonalités plus rock psyché. Les presque dix minutes de ce titre regroupent tous les éléments rencontrés jusqu’alors dans l’album. Il y a bien sûr de la langueur, mais aussi une belle musicalité blues chaloupée, presque sexuelle. Le son patiné accompagne les mélodies léchées et, encore une fois, le groupe propose une structure de chant très cohérente au regard des instruments. Débuté comme un blues de bar, Laguna va progressivement muter pour devenir une bon titre rock, très agréable à l’écoute. Une belle conclusion.

Tout juste peut-on reprocher à Tuna de Tierra un peu trop de retenue. Mais après tout, ce n’est que le premier album du groupe, sorti deux ans après EPisod I: Pilot, un court EP de trois titres. Un premier album que je vous encourage à écouter sur le bandcamp du groupe.

Tracklist de Tuna de Tierra :

01. Slow Burn
02. Morning Demon
03. Out Ff Time
04. Long Sabbath's Day
05. Raise Of The Lights
06. Mountain
07. Laguna