Mon cousin Tagliat, que je n’avais pas vu depuis belle lurette, revenait tout droit de Naples et m’a raconté non sans une certaine émotion qu’il avait eu le coup de cœur pour cette ville. Une ville chaleureuse, pleine de charme et qu’il avait découvert un cirque deathcore. Là je me suis dit que la fatigue l’avait bien attaqué et qu’il devait en avoir plein les pattes, mon cousin Tagliat’Hell. Mais pas du tout, il a simplement fait connaissance avec Turma, qui signifie "cirque" en italien, et qu’aux vues de mes goûts musicaux, je devrais apprécier.

Du coup, je me suis renseigné et ces Italiens ne sont pas tombés de la dernière pluie puisque Turma est actif depuis près de dix ans. Ce groupe napolitain a publié en 2011 l'album Tearless, album reconnu et plutôt bien accueilli de l’autre côté des Alpes. L’inspiration du groupe provient de l'ancienne école de thrash années quatre-vingt, dans une combinaison d'influences prises aussi bien du côté de la baie de Californie que la région de New York. Une fois les influences digérées, le résultat est une bonne dose compacte de metal lourd, qui mélange death et djent.


Les cinq musiciens que sont Lello Di Lorenzo et Giuseppe Cipollaro aux guitares, Fabrizio La Manna à la basse, Ciro Troisi à la batterie et Raffaele Berisio au chant nous proposent Kraken, un LP de huit titres. Compte tenu de l’identité musicale du groupe, le titre Kraken, entité monstrueuse émergeant des profondeurs de l'abîme, colle complètement à la froideur des chansons de death/djent brutal et moderne.

Dès Feel The Pain, on sait de suite où l'on met les pieds. Le groupe nous propose un univers froid, proche de la déshumanisation et la production accentue la sensation de rentrer dans un monde sans âme. C’est lourd et chaque coup de médiator est comme un coup de boutoir qui donne envie de headbanger du sol au plafond. Mortal Kombat accélère le tempo mais le groupe revient vite à ses premières amours et même si ce titre est certainement un des plus intéressants de l’album, il manque un je ne sais quoi pour en faire un morceau excellent. L’ensemble de l’album prend la même direction artistique, chaque titre est un coup de butoir. Le groupe arrive à créer son propre univers grâce à sa capacité à se placer vraiment entre le death, principalement grâce au chanteur, et le djent par la manière de composer des musiciens.


Mais Turma tombe dans les travers classiques de ces productions. C’est froid, sans âme, et même si des groupes comme Fear Factory ont réussi le tour de force de rendre cette frigidité chaleureuse, le pari de Turma n’est pas, à mon sens, réussi. Alors vous me direz "ben oui Jean Mich’ t’es mignon mais dans le djent c’est la tendance du moment et nous on aime ça !" Et bien vous m’en voyez désolé mais cela ne me provoque que peu d’émotion. Et du coup l’ennui m’a assez vite gagné à l’écoute de ce Kraken.

Je ne suis donc pas séduit par l’univers de Turma mais cela ne signifie pas que c’est un disque sans intérêt. Si l’extrait ci-dessus vous a plu, vous pouvez y aller les yeux fermés, le reste est du même acabit.


Tracklist de Kraken :

01.Feel no Pain
02.Mortal Combat
03.Destroyer
04.Fifth Joint
05.Kraken
06.Forgotten
07.Rebecca’s Shield
08.Magam