Van Halen. En 1976, Van Halen n'est pas synonyme de grosse machine américaine du Rock. Kiss, oui. Pourquoi ce parallèle, me demanderez-vous ? Tout simplement parce que c'est Gene Simmons, l'un des leaders du big bisou qui a déniché ce tout jeune groupe et lui a donné l’occasion d’enregistrer sa première démo, tant il fut impressionné par les prestations live et la qualité des musiciens qui le composent. A commencer bien sûr par le guitariste, Eddie Van Halen, qui n'est pas simplement un guitariste hors-pair. Il est aussi celui qui va rendre populaire un nouveau style de jeu, même s'il n'en est pas l'inventeur à proprement parler : le tapping. Et sur cet album, nous avons un bel aperçu de la technique du monsieur sur l'instrumental venu d'une autre galaxie, un instrumental qui va scotcher plus d'un auditeur et que des générations de guitaristes en herbe vont se passer en boucle : Eruption. Tiens, pour l'anecdote et pour les cinéphiles, dans le film culte Retour Vers Le Futur, c'est un morceau de ce style que met Marty Mc Fly (Michael J. Fox) dans son walkman et sur les oreilles de son futur père pour lui faire croire qu'il vient de l'espace. Résultat garanti… surtout sur quelqu’un censé vivre en 1955…

C'est donc en 1977 que le premier album de Van Halen est enregistré (en trois semaines !), grâce à Ted Templeman. Et le monde découvre enfin au grand jour, à la sortie de l'album quelques mois plus tard (février 1978) le talent de ce groupe. C'est le festival du riff, de morceaux groovy à souhait, d'une performance vocale et instrumentale qui laisse pantois.
Si Eddie Van Halen apparaît comme la vitrine du groupe, il ne faut pas oublier les autres. Notamment son frangin, Alex, à la batterie, dont le jeu est impressionnant de technique mais également de feeling. Il porte le groove du groupe. Michael Anthony, à la basse, complète merveilleusement bien la rythmique du groupe et contribue aux choeurs de manière magistrale (son surnom à cette époque était d'ailleurs "Cannon Mouth" car on l'entendait souvent plus que les chanteurs des groupes dans lesquels ils jouait). Le mixage de l’album, laissant à la partie gauche le son de la guitare d’Eddie, sauf pour les solos mixés plein centre et à la droite, le son de basse de Michael (idéal pour l’écoute au casque) nous permet d’ailleurs d’apprécier chaque instrument. Et enfin, en frontman éblouissant, l'homme branché en permanence sur une pile électrique, David (Lee) Roth et ses sauts de gymnaste, avec sa voix de crooner ou de rockeur, parfois les deux, suivant les morceaux. Un David bluffant, capable d’avoir les intonations d’un chanteur de blues noir sur la reprise de Ice Cream Man (John Brim) ou de pousser des cris de singe sur You Really Got Me. Cette seconde reprise (The Kinks) est une vraie réussite et un morceau entraînant au possible. Un titre qui datait de 1964 et remis au goût du jour avec un gros riff qui déchire. Ce sera d'ailleurs le premier single issu de l'album.
Runnin’ With The Devil, Jamie's Cryin, Ain't Talkin' ‘Bout Love et son riff lumineux sont autant de chef-d'oeuvres intemporels. On peut ajouter Atomic Punk et son riff incroyable, agressif juste comme il faut ; On Fire, morceau bien heavy où l’on frise l’hystérie et I'm The One, au rythme groovy bien rapide (prestation magnifique d’Alex) avec sa cassure délirante faite de "pap pa-la, choubidou-wah" qui montre un groupe qui se permet à peu près tout. Et n'oublions pas bien sûr (mais est-ce possible ?) cet instrumental court mais lumineux qu'est Eruption. Pour la petite histoire, ce morceau était en fait un exercice d'échauffement pour Eddie à son arrivée en studio et c'est Ted Templeman, absolument impressionné par le jeu et la rapidité du guitariste, qui a insisté pour qu'il figure sur l'album.
On notera juste le morceau Little Dreamer qui est un peu en dessous des autres (en tout cas à mon goût) mais dont le solo est, une fois de plus, redoutable.

Van Halen, fort de ce premier album qui reçut un accueil enthousiaste (et mérité), retourna en studio dès la fin de cette même année pour accoucher du second album, tout simplement intitulé Van Halen II. La carrière d'un grand nom du Hard Rock américain venait d'exploser ! Et je ne reviendrai pas sur l’influence qu’a pu avoir cet album sur un paquet de musiciens tant ceci relève de l’évidence.

Tracklist de Van Halen :

01. Runnin' With The Devil
02. Jamie's Cryin'
03. You Really Got Me
04. Ain't Talkin' 'Bout Love
05. I'm The One
06. Eruption
07. Atomic Punk
08. Feel Your Love Tonight
09. Little Dreamer
10. Ice Cream Man
11. On Fire