Vauxdvihl

Artiste/Groupe

Vauxdvihl

CD

To Dimension Logic (Extended Version)

Date de sortie

Septembre 2014

Label

Century Media Records

Style

Metal Progressif

Chroniqueur

dominique

Note dominique

17/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

C H R O N I Q U E

Back to the Past or not, that is the question. Oui, telle est la question qui se pose à moi à la réédition du premier et unique album de Vauxdvihl. En effet Century Media Records a eu la bonne idée, pour les vingt ans de sa sortie, de proposer au public une version « toutes-options » du To Dimension Logic des Australiens. Une "Extended Version" car d’un album unique, elle a réussi à faire une double galette qui permet de mieux cerner l’évolution du groupe en intégrant, sur le deuxième disque, les titres sortis sur les deux EP de 1998 (Syberian Church Recording) et 2001 (Vog). Et c’est cette dimension temporelle qui me pousse à laisser cette chronique dans les sorties classique plutôt que dans la catégorie Back to the Past de notre site.

Fondations…

Il est toujours très délicat de dater le début d’un style musical. En général on se fie à un album que l’on considère comme fondateur du mouvement. N’en déplaise à Rush ou Yes, il est de coutume dans le cas du metal progressif de considérer le Images and World de Dream Theater (1992) comme l’album qui a su le mieux focaliser les éléments autour de lui pour être vu comme la référence zéro du prog. C’est donc deux ans après que nos quatre Australiens sortent un premier album qui sera sans suite. Je dirai même malheureusement sans suite car To Dimension Logic est une bombe et peut être considéré comme l’un des disques influents dans l’évolution du metal progressif. On y retrouve tous les ingrédients importants (variations mélodiques en cours de titre, complexité des instrumentations, rythmes variables) sans pour autant être obligé de subir certains des désagréments qui peuvent accompagner le style (longueurs, hyper-virtuosité). En effet, si les titres varient entre cinq et six minutes, celles-ci sont mises à contribution pour organiser un voyage à l’auditeur. Le titre éponyme, To Dimension Logic, entouré des deux tourelles étranges et mélodiques que sont The Weapon et Questions of Misanthropy en est un magnifique exemple. Les trois titres semblent intégrés mais sont en vérité subdivisés en un patchwork de micro-phases ayant chacunes ses caractéristiques rythmiques, mélodiques et atmosphériques. C’est imaginatif en plein et délicieusement surprenant. Separate Ends a des connotations plus NWOBHM. Le son de la voix et la guitare de Fab Gallen ont des relents de Iron Maiden, mais la (dé)structure, quoi que moins marquée, reste progressive au fond. Il est important de souligner le travail incroyable de Chris Delov à la batterie sur Comedy of Error. Celui-ci ajouté aux tonalités étranges de la voix de Fab et aux variations mélodiques proposées par la guitare de Frederic Leduc font de ce titre une sorte de bateau fantôme mû pas des forces supérieures. Le trio final Philosophic Mosaica, In Search of Forever et Minus Absence me fait penser, par les structures proposées et par les incrustations sonores (paroles et sons) au travail produit bien plus tard par les excellents suédois de Pain of Salvation. Très descriptifs, ces titres nous trainent par la main dans des contrées tantôt étranges et tantôt paisibles. Le plus fort c’est que, avec To Dimension Logic, Vauxdvihl a produit un disque qui n’est pas juste une suite de chansons mais bien un élément à part entière composé de sous-éléments cohérents entre eux et incohérents en leur propre cœur. Remarquable donc, et indispensable pour les amateurs de metal progressif.

… et progression

Je le disais, l’intérêt de cette « Extended Version » est la mise à disposition du public des autres travaux du groupe. Ceux-ci sont rassemblés dans le disque deux et ne sont malheureusement pas classés dans un ordre qui facilite l’analyse. Je vais donc me permettre de prendre avant tout les titres cinq à neuf qui proviennent du EP Vog sorti en 1998. Dès Prognosis: Poor Me Syndrome, on peut percevoir l’évolution initiée par le groupe. Les éléments et les sons électros prennent plus d’importance. La voix est plus profonde, plus franche. On s’éloigne des atmosphères folk et psychédéliques de To Dimension Logic pour rentrer dans le monde moderne. Assassination est aérien, mais moins planant que ses équivalents de l’album. The Funeral Party est une vraie parenthèse électro qui semble s’être incrustée par erreur. For The Son Has Gone To Hell porte remarquablement son nom. Ce titre plus indus est lui aussi dopé par des synthétiseurs surpuissants qui se permettent de piquer la place d’instrument leader à la guitare. Pourtant on reste dans le registre metal progressif, mais encore plus extrême, plus proche des expériences musicales d’un Devin Townsend. On clôt cette première série avec le plus intimiste et étrange Livenlurne. Si l’évolution de Vog semblait aller vers l’électro, en 2001 le groupe semble avoir décidé que la direction à suivre était plus celle proposée dans le précédent For The Son Has Gone To Hell. Plots (To Or F) Are Necessary Things? semble en effet issu de la même veine. C’est haché, déstructuré tant au niveau sonore que musical et rythmique. ISIS/PEKT n’est guère plus abordable. La voix distordue de Fab en ajoute une couche. C’est volumineux et complexe, mais toujours et encore cohérent. Un temps on croit que Movement et Summoning  vont apporter un peu de calme dans cette avalanche de son. Mais c’est mal connaître ceux qui composent encore le groupe à cet instant (Chris Delov et Fab Gallen). Le résultat de leur travail est un mélange de sons et d’atmosphères à la Radiohead des années 2007-2011, mais sur-vitaminés et encore plus expérimental. On clôt cette revue avec le titre inédit Sincerely Die, qui pousse l’expérience encore un peu plus loin pour se rapprocher du travail produit par les Allemands de Kraftwerk. C’est électro, entêtant sans pour autant être désagréable. Ce titre et l’évolution musicale du groupe entre 1994 et 2001 peuvent peut-être apporter quelques lumières sur les raisons qui ont fait que malgré un premier album essentiel, Vauxdvihl n’a pas répondu aux espoirs placés en eux. Je crois pour ma part que l’évolution d’un groupe et de ses membres doivent, sans être parallèle, être suffisamment proches pour permettre de garder une cohésion. A l’écoute de ce « Extended version » je crois que cela n’a pas été le cas. A force d’évolution le groupe est passé d’un metal progressif fondateur à des expériences musicales dans lesquelles on peut ne pas se reconnaître. Ce trajet semble lui avoir fait non seulement perdre son public, mais également une partie des membres originels. Pour ma part, je crois en l’absolue nécessité d’avancer, quitte à se perdre. Je suis donc convaincu par le travail produit par Vauxdvihl, et ce dans son entier. Cette revue historique nous permet de percevoir ô combien le groupe avait, (trop) en avance, perçu ce que pouvait et devait être une évolution musicale. Et pour ceux qui sont moins enclin aux débordements électros, je ne peux que conseiller de se pencher avec avidité sur la version courte de To Dimension Logic.

 

Tracklist de To Dimension Logic (Extended version) :

Disc 1

01. The Weapon
02. To Dimension Logic
03. Questions of Misanthropy
04. Separate Ends
05. Comedy of Errors
06. Philosophic Mosaica
07. In Search of Forever
08. Minus Absence

Disc 2

01. Plots (To Or F) Are Necessary Things?
02. ISIS/PEKT
03. Movement
04. Summoning
05. Prognosis: Poor Me Syndrome
06. Assassination
07. The Funeral Party
08. For The Son Has Gone To Hell
09. Livenlurne
10. Sincerely Die

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