Artiste/Groupe:

Yngwie Malmsteen

CD:

Odyssey

Date de sortie:

1988

Label:

Style:

Guitar Hero

Chroniqueur:

Orion

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On le sait car il l’a déclaré à qui voulait l’entendre, le Yngwie est un grand fan de Ritchie Blackmore. Vous imaginez donc la joie du guitariste suédois de pouvoir décrocher Joe Lynn Turner comme chanteur sur son quatrième album. Pour ceux qui ne connaissent pas bien leurs classiques, Turner fut chanteur de Rainbow de 1981 à 1984. Le seul problème est qu'un tel chanteur ne va pas trop s'accommoder de l'ego surdimensionné du guitariste, Turner ayant un ego important lui aussi, et l'association sera de courte durée (ils auront quand même le temps d’enregistrer un live ensemble, Trial By Fire - Live In Leningrad, malgré une tournée difficile au niveau relationnel entre les deux hommes).
En attendant, il est là et il enregistre avec Yngwie ce quatrième album du maestro. Le reste du groupe se compose des deux frangins Johansson, Jens (claviers) et Anders (batterie), qui accompagnent Yngwie depuis quelques années déjà. Bien que quelques titres aient été enregistrés avec Bob Daisley (Rising Force, Hold On, Crystal Ball et Now Is The Time), il n'y a pas de bassiste attitré, c'est Yngwie qui s'occupe de toutes les cordes, qu'il y en ait six ou quatre, sur le reste des morceaux.
Enfin, si le guitariste a composé toutes les musiques, il a laissé les mains libres à Turner qui a pu écrire les textes à sa guise.

Odyssey est un album qui arrive après une période bien sombre pour le Suédois surdoué. L'année précédente, Malmsteen avait échappé de peu à la mort suite à un grave accident de la route qui l'a laissé dans le coma pendant une semaine. Suite à ce coma et à cause d'un caillot dans le cerveau, il avait perdu l’usage de sa main droite (embêtant pour un guitariste) et allait devoir batailler ferme pour retrouver sa mobilité. Il perdit également sa mère durant cette période (l'album lui est dédié). Odyssey est un peu l’album de la résurrection d’Yngwie et sonne presque comme un nouveau départ.
D’ailleurs, on note sur la pochette, où Yngwie trône toujours avec son inséparable Fender Stratocaster "The Duck", le retour du "Rising Force" accolé à son nom, disparu sur la pochette de l'album précédent. Comme pour prouver qu'il s'agit d'un vrai groupe. Mais, détail amusant, on notera aussi l'inversion de la taille des caractères pour "Yngwie Malmsteen's" et "Rising Force" par rapport aux jaquettes des deux premiers albums. Comme pour dire : oui, c'est un vrai groupe... mais c'est moi le patron !

Musicalement, sur cet album, Yngwie a arrondi les angles, ce que l’on sentait poindre déjà un peu sur l'album précédent, Trilogy. L'aspect est plus lisse, moins metal, Yngwie se tourne de plus en plus vers un Hard Rock aseptisé à la manière du Rainbow période Turner (le parallèle sera vite fait, forcément), pas mal de morceaux sont radio compatibles, Heaven Tonight en tête (le single de l’album), mais aussi Hold On, Crystal Ball, Now Is The Time, la ballade Dreaming (Tell Me) et dans une moindre mesure, Deja Vu. Cela n’empêche pas que certains de ces morceaux soient très bien fichus de mon point de vue (Crystal Ball et Deja Vu) mais Heaven Tonight, Hold On (malgré un solo à tomber par terre) et Now Is The Time sont vraiment trop formatés "american rock style" et, personnellement, ne me plaisent pas trop (ce qui n’a pas empêché le premier de connaître un certain succès, il en faut pour tous les goûts). Ne parlons pas de la ballade bien pleurnicharde, style que je n’aime pas du tout. Je la zappe à chaque fois.
Mais Yngwie n’a pas complètement tourné le dos au style qui a fait sa réputation et a aussi gardé quelques bombes bien speed comme l’excellente Rising Force qui ouvre l’album, Riot In The Dungeons ou encore Faster Than The Speed Of Light, des titres sur lesquels le Suédois nous éblouit de ses solos supersoniques. C’est vraiment sur ces morceaux que l’on retrouve le Yngwie au jeu inégalable. On notera que les autres musiciens ne sont pas des manches non plus (les superbes échanges de solos guitare / claviers de Rising Force en témoignent) et Joe Lynn Turner livre une prestation tout à fait convenable même si ce n’est pas le meilleur chanteur ayant travaillé avec le Suédois (on sent un peu ses limites sur Faster Than The Speed Of Light).
Et on termine avec l’instrumental qui défonce tout : Krakatau, du nom du célèbre volcan indonésien qui explosa en 1883, créant un tsunami qui fit près de 40 000 morts. Ce morceau passant par différents tempos montre une nouvelle fois l’insolente maîtrise instrumentale de son géniteur. Oubliés ses ennuis de main paralysée, le Yngwie est de retour et personne n'est en capacité de lui donner de leçon.
Les deux autres morceaux instrumentaux de l'album, Bite The Bullet et Memories, assez courts tous les deux, sont plus à considérer comme une démonstration technique (pour le premier) et une outro (pour le second).
 
Odyssey reste le plus gros succès d'Yngwie Malmsteen, sans doute grâce à la présence de Joe Lynn Turner et aussi grâce au titre Heaven Tonight dont la vidéo a pas mal tourné sur MTV. Un album assez inégal mais pas inintéressant, qui contient de très bons titres.
A la fin de la tournée qui suivit, Yngwie vira tout le monde et vira aussi le "Rising Force" de ses pochettes (en tout cas pour un moment). Finie l’idée de groupe, Yngwie Malmsteen sera dorénavant un projet individuel, avec des line-ups interchangeables (voire plus de line-up du tout). Pas forcément sa meilleure idée…

Tracklist de Odyssey :

01. Rising Force
02. Hold On
03. Heaven Tonight
04. Dreaming (Tell Me)
05. Bite The Bullet
06. Riot In The Dungeons
07. Deja Vu
08. Crystal Ball
09. Now Is The Time
10. faster Than The Speed Of Light
11. Krakatau
12. Memories