Groupe:

Blues Pills

Date:

17 Mai 2016

Interviewer:

Blaster, Evanessa

Interview Elin Larsson (face à face)

Récemment, vous étiez encore en tournée en Europe et vous avez donné quelques concerts en France. Comment s’est passée cette tournée ? Cela fait deux ou trois ans que vous passez la majeure partie de votre temps en tournée. Tu dois en avoir assez, non ?

Je pourrais en avoir assez c’est vrai, mais je trouve que nos morceaux s’améliorent à chaque fois que nous les jouons sur scène. Les tournées nous permettent également d’évoluer en tant que groupe… Pendant notre dernière tournée, nous avons souvent improvisé sur scène alors que cela arrivait plutôt rarement au début de notre carrière. Nous avons modifié certaines parties de nos morceaux et je pense que cela rend les concerts plus intéressants pour le public mais aussi pour nous. Récemment, nous avons également eu la chance de donner davantage de concerts dans différentes régions de France et c’était vraiment sympa.

C’est donc le groupe White Miles qui a assuré vos premières parties, comment s’est passée cette tournée en leur compagnie ?

Tout s’est bien passé. Ils sont géniaux, c’est un excellent groupe, ils sont très enthousiastes et vraiment passionnés par la musique. Nous avons eu des conversations très sympas avec eux le soir, car nous partagions le même bus. C’était vraiment cool.

Pendant cette tournée, vous avez joué un nouveau morceau, “Elements and Things”, ainsi qu’une ballade acoustique, “Yet To Find”, qui devait servir de titre bonus. Allez-vous utiliser cette chanson comme titre bonus dans votre nouvel album “Lady In Gold” ?

En fait, nous n’étions pas vraiment satisfaits du résultat obtenu après l’enregistrement de “Yet To Find”. Nous avons eu l’impression d’avoir fait les choses à la va-vite…et Zach et moi avons également co-écrit cette chanson avec notre ancien batteur, Cory Berry. Il a quitté le groupe mais nous tenons à enregistrer ce morceau avec lui et à le rémunérer pour son travail. Nous allons donc devoir patienter avant d’enregistrer ce morceau.

Avez-vous eu l’occasion de filmer l’un de vos derniers concerts afin d’enregistrer un futur DVD ?

Le concert du Hammer Of Doom a été filmé avant la sortie de notre premier album et l’enregistrement a servi de DVD bonus. Un de nos concerts qui a eu lieu de Gothembourg a également été filmé mais je pense que les choses vont devenir plus intéressantes après la sortie de notre nouvel album. Nous pouvons choisir parmi un plus grand nombre de morceaux, nous pouvons choisir les meilleurs morceaux du premier album et ceux du second. Et je pense que ce serait une bonne idée de faire appel à des professionnels pour filmer un des concerts de notre prochaine tournée.

L’été prochain, vous participerez au festival Rock en Seine, le même jour qu'Iggy Pop entre autres… J’imagine que cela vous fait plaisir.

Oui, c’est génial ! (rires) Et nous partirons pour une autre tournée en Octobre et en Novembre, nous donnerons quatre ou cinq concerts en France à cette occasion.

Oui, exactement. J’ai tout de même été surpris d’apprendre que vous n’aviez pas de concert prévu à Paris… Est-ce parce que vous participerez au Rock en Seine à la fin du mois d’Août ?

Non, je pense que nous allons jouer à Paris. La date n’a pas encore été annoncée mais le concert aura bien lieu... Nous jouerons au Trianon le 30 Octobre.

Bonnes nouvelles ! Vous partagez l’affiche avec Kadavar. Avez-vous choisi de partir en tournée avec eux ou s'agit-il d'une décision du label ?

Non, ce sont nos amis. Nous sommes déjà partis en tournée en Australie afin d’assurer la première partie de leurs concerts… C’était en 2013. Mais nous étions déjà amis avant cette tournée. Nous parlions souvent de partir en tournée tous ensemble en Europe et l’occasion s’est enfin présentée. Ce sera génial ! Cela nous donnera l’impression de partir en tournée en famille.

Vous n’êtes pas un groupe de metal, mais vous avez quand même signé chez Nuclear Blast, qui est un label principalement consacré au metal… Apprécies-tu ce style de musique ? Qu’est-ce qui vous a amenés à travailler avec eux ? Vous-ont-ils déjà demandé d’intégrer des éléments plus lourds dans vos morceaux ?

Oui, nous sommes vraiment des intrus parmi les groupes dont s’occupe ce label, surtout si on nous compare à Behemoth, Slayer et à tous ces groupes de metal (rires)… Avant de signer chez eux, nous avions reçu cinq offres très intéressantes, nous avions donc le choix et c’est ce qui nous a également permis de négocier afin d’obtenir un meilleur contrat… Mais nous avons apprécié le fait que Nuclear Blast accepte notre groupe, sans nous demander de modifier notre style. Nous avons sympathisé avec leur équipe et je ne regrette pas de les avoir choisis, car ils nous ont beaucoup aidés et encouragés. Je pense donc que la taille du label n’a aucune importance, ce qui compte vraiment ce sont les gens qui y travaillent car ils feront tout pour vous aider et vous encourager s’ils croient en vous.

C’est une bonne chose qu’ils n’aient pas essayé de vous faire changer de style…

Absolument ! Ils nous soutiennent vraiment. Après avoir enregistré notre premier album, nous leur avons dit que nous voulions inclure davantage d’influences soul dans les morceaux du second et ils nous ont répondu : “Parfait ! Pas de metal ! Juste de la soul ! Génial !”…

Cool ! Quelles sont tes préférences en matière de musique ? Est-ce que tu apprécies certains des groupes ou des styles musicaux dont Nuclear Blast fait la promotion ?

J’essaie de devenir une grande fan de Behemoth, mais je n’ai pas encore atteint mon but (rires). Je prends le temps de découvrir leurs albums… Ça s’arrête là. Et la musique de Black Sabbath m’a évidemment beaucoup influencée pendant mon adolescence. J’aime également celle de The Doors, car c’est ce groupe qui m’a permis de découvrir la musique des années soixante et soixante-dix.

Comment as-tu découvert tes groupes favoris ?

En Suède, nous pouvons étudier la musique au lycée. Je ne sais pas si vous faites la même chose en France, mais en Suède, les élèves peuvent choisir d’étudier la musique, l’art ou le théâtre pendant leurs trois dernières années de lycée. Ils peuvent étudier ces matières en parallèle des matières principales comme l’anglais, les maths et le suédois. J’ai pris des cours de musique et j’ai étudié l’histoire de la musique au lycée. Les élèves étaient tous très différents dans ma classe, nous n’avions pas les mêmes influences ni les mêmes goûts. Lorsque j’ai débuté le chant, j’écoutais beaucoup de soul. On peut considérer ce style de musique comme mon influence principale. Par la suite, j’ai rencontré plein de metalleux qui étaient fans de Black Sabbath et de Witchcraft… Et lorsqu’on a des amis, on aime découvrir leurs passions et leur parler des nôtres. Ma famille est également passionnée par l’art, ma mère avait créé un petit théâtre pour nous lorsque nous étions petits, nous jouions des pièces, nous faisions de la peinture, nous n’avions pas le droit de regarder la télévision…Mon père a une véritable passion pour la musique, il adore les Beatles, Cat Stevens et la musique classique… La musique avait donc une place importante à la maison lorsque j’étais petite, nous écoutions de nombreux styles différents.

A présent, parlons un peu de votre nouvel album. Lorsque j’ai écouté le premier morceau, j’ai remarqué que votre son était différent. Votre musique a conservé son ambiance vintage mais le son de la guitare est moins présent sur cet album que sur votre premier opus. L’ajout du clavier et de plusieurs autres arrangements donne également une nouvelle dimension à vos morceaux…

Oui, la production de cet album est plus aboutie que celle du précédent. Et on y trouve également des influences soul. Nous avons commencé à l’enregistrer à la fin de l’année 2014 et nous avons composé tous les morceaux dans le studio. Nous sommes partis en tournée et nous retournions en studio dès que notre emploi du temps nous le permettait. Nous avons enregistré cet album dans le même studio que le précédent et nous avons également fait appel au même producteur. Je me souviens avoir enregistré tous les chœurs moi-même sur le premier album. J’ai dû improviser lors de l’enregistrement des harmonies et c’est ce que l’on entend sur l’album. Mais cette fois-ci, j’ai récupéré les démos et j’ai pris le temps de composer les arrangements des chœurs chez moi. J’ai également sélectionné plusieurs choristes parmi mes connaissances à Gothembourg et nous avons travaillé les harmonies ensemble avant d’entrer en studio. Notre producteur, Zach et notre bassiste m’ont beaucoup aidée car je n’avais jamais fait ce genre de chose auparavant… C’était un véritable défi pour moi et cela s’est très bien passé. Je pense que cet album prouve que nous avons tous évolué. Tous les concerts que nous avons donnés, tous nos voyages et toutes les choses que nous avons faites ensemble nous ont permis d’envisager les choses sous un autre angle. Je pense donc que cet album réunit des influences beaucoup plus variées.

Qui a composé les morceaux de votre nouvel album ? As-tu à nouveau partagé cette tâche avec Zach ?

Oui, nous les avons composés ensemble. Nous travaillons très bien en duo. Lorsque l’un de nous est à court d’idées, le second propose toujours quelque chose d’intéressant et d’une certaine façon, cela nous permet de gagner du temps.

Avez-vous choisi d’aborder un thème particulier dans les textes de cet album ?

Nous abordons plusieurs sujets mais nous utilisons principalement des histoires fictives, cette fois-ci. Je me suis beaucoup inspirée de la musique de Kate Bush et de ses textes qui racontent de vraies histoires… Cette fois-ci, nous avons utilisé beaucoup plus d’histoires fictives pour créer les textes de cet album.

J’ai lu quelque part que la femme en or représentait la mort…

C’est vrai. Il s’agit d’un personnage fictif qui incarne la mort. C’est une femme puissante, forte, superbe mais également fatale, au sens propre. Personne ne veut croiser sa route, mais c’est inévitable. Cette chanson explique qu’il ne faut pas avoir peur d’elle et qu’il ne faut pas vivre dans la peur. Il faut tout simplement profiter de la vie et faire ce qui nous plaît.

Et que peux-tu nous dire concernant le morceau “Bad Talkers” ? Est-elle adressée aux personnes qui vous critiquent ou qui disent du mal de vous ?

Bien sûr, certaines personnes disent du mal de nous… Ca ne fait rien, cela ne m’atteint plus désormais. Ce morceau fait surtout référence aux personnes qui se mêlent des affaires ou de la vie d’autrui. Il y a cette phrase dans le texte : “Haven’t you heard about evil? It tells you what to do. What if we all were equal and no one was judging you” [N’as-tu jamais entendu parler du mal? Il te dicte ta conduite. Si seulement nous pouvions tous être égaux, sans personne pour nous juger]. Je trouve que ce sujet est pertinent car, dans la société actuelle, nous devons lutter contre le racisme, le sexisme, l’homophobie et toutes sortes de discriminations. Pourquoi ne peut-on pas tout simplement laisser les gens tranquilles ? C’est le message que nous voulons transmettre avec cette chanson.

Avez-vous des singles ou des clips en préparation ?

“Lady In Gold” sera notre premier single. La ballade “I Felt A Change” sera le second… Nous n’avons pas encore choisi le troisième, nous hésitons entre “Burned Out” et “Little Boy Preacher”. J’espère que ce sera “Little Boy Preacher”, je trouve que c’est un excellent morceau. Nous avons déjà tourné deux clips. Je joue le rôle de la femme en or dans le clip que nous avons tourné pour le morceau-titre. Il sera un peu effrayant mais dans le bon sens du terme (rires). Le clip a été tourné dans un vieux château qui est resté à l’abandon pendant de nombreuses années. C’était le décor idéal, même la poussière était ancienne…

Votre musique se caractérise par son ambiance rétro, avez-vous enregistré cet album en live comme le faisaient les groupes à l’époque ?

Nous avons tout enregistré au format analogique et le producteur a également conservé ce format lors du mixage. Mais nous nous sommes d’abord occupés des parties batterie et des lignes de basse pendant que je chantais et que Dorian jouait de la guitare, cela nous a permis d’obtenir un résultat très naturel et spontané. Nous avons ensuite ajouté quelques overdubs sur les pistes de guitares et de chant. Nous avons fait de même pour les chœurs. Nous avons enregistré deux morceaux. Nous avons chanté tous ensemble dans la même pièce et nous n’étions que tous les quatre, mais on a l’impression d’entendre huit personnes lorsqu’on écoute les enregistrements (rires).

Peux-tu nous en dire plus concernant l’artwork de votre album qui a un aspect très vintage. Vous avez de nouveau fait appel à l’artiste qui a conçu la pochette de votre premier album, n’est-ce pas ?

Oui, nous étions ravis de collaborer à nouveau avec Marijke Koger-Dunham. C’est une véritable légende, tu sais. Elle est néerlandaise mais elle vit en Californie depuis longtemps. Elle a décoré la guitare d’Eric Clapton, elle a travaillé avec les Beatles, il me semble qu’elle a également peint la maison de George Harrison, sa cheminée… Nous étions vraiment heureux qu’elle accepte à nouveau de travailler avec nous. Je trouve que son art complète vraiment bien notre musique. C’est important car c’est la pochette que l’on remarque en premier lors de la sortie d’un nouvel album. Son œuvre est très symbolique et elle représente également nos textes. Nous avons utilisé des œuvres qu’elle a créées dans les années soixante. La version originale de celle que nous avons choisie pour “Lady In Gold” était en noir et blanc et elle y a ajouté des couleurs pour nous.

Pensez-vous qu’une formation à quatre membres est idéale pour Blues Pills ou avez-vous déjà envisagé d’inclure des membres supplémentaires (un claviériste ou un second guitariste) dans votre groupe ?

Oui, nous allons d’ailleurs avoir un membre supplémentaire au sein du groupe pendant notre prochaine tournée. Il nous accompagnera sur scène pour la première fois au festival Tons of Rock en Norvège. Il joue de l’orgue, il sera également notre claviériste et notre guitariste rythmique et il s’appelle Rickard Nygren. Il est très grand alors nous le surnommons “Longues Jambes” (rires).

As-tu d’autres projets en parallèle de Blues Pills?

Oui, je compose beaucoup mais je n’ai utilisé aucun de mes morceaux pour le moment. Et nous sommes en train d’aménager notre propre studio analogique en Suède, nous pourrons donc travailler sur place, peut-être composer des morceaux pour d’autres artistes et enregistrer des chansons ou un futur album solo…

Un dernier message :

Eh bien je tiens à remercier nos fans pour leur soutien. J’espère que notre nouvel album vous plaira… et que vous viendrez assister à nos concerts en France cet automne !!!