Groupe:

[STÖMB]

Date:

25 Mai 2020

Interviewer:

Didier

Interview [STÖMB]

Salut les [STÖMB], pouvez-vous nous présenter le groupe ?

Le groupe a été formé en 2012 et est composé d’Aurélien De Freitas (guitare), Tom Bonetto (guitare), Alex Garachon (basse) et Tom Gadonna (batterie). Nous avons sorti deux EP, « Fragment » en 2013 et « Duality » en 2017 et deux albums, « The Grey » en 2015 et « From Nihil » en janvier dernier.

Quelle est l'origine du nom du groupe ? Pourquoi les crochets ? Font-ils partie du nom du groupe ?

Le nom du groupe n’a pas de signification propre ou d’explication contextuelle. Nous ne souhaitions pas que le nom du groupe se réfère à une quelconque signification mais plutôt qu’il laisse place à l’imagination. Son essence est avant tout sonore, et s’exprime dans la lourdeur et l’impact de sa prononciation. Les crochets sont là pour accentuer l’aspect phonétique, mais aussi visuel, ce qui les rend indissociables du nom du groupe.

Comment décririez-vous la musique de [STÖMB] ?

Nous définissons notre musique comme du Post Djent. Nous mélangeons certains aspects ambiants, planants et éthérés du Post Rock avec le côté plus lourd et polyrythmique du Djent.

Quelles sont les influences majeures du groupe ?

Les influences du groupe sont assez variées mais on peut retrouver des groupes comme Meshuggah, Gojira, Vildhjarta, Cult of Luna, If These Tree Could Talk, Oh Hiroshima…

Vous êtes une formation instrumentale. Pourquoi ce choix, vous êtes fâchés avec les chanteurs ?

Lorsque nous avons commencé ce projet, nous souhaitions trouver un chanteur. Nous avons auditionné plusieurs personnes mais nous n’étions jamais satisfaits par le résultat que cela apportait. Plus le temps passait et plus les morceaux se révélaient auto-suffisant dans leur aspect instrumental. Cela nous est apparu évident que nous devions continuer sans chant. Et nous ne regrettons absolument pas ce choix. Cela donne une ouverture à notre musique que nous n’aurions pas eue autrement.

Est-ce que les membres du groupe ont d'autres projets musicaux parallèles ?

Actuellement, aucun de nous ne fait parti d’un autre projet.

Revenons donc à l'actualité. Vous avez sorti en janvier votre nouvel album, le troisième, qui s'appelle From Nihil. Parlons d'abord de la pochette, qui comme pour les deux précédents semble avoir reçu beaucoup d'attention. Pouvez-vous nous en dire deux mots ?

Pour cet album, nous souhaitions encore collaborer avec un artiste comme nous l’avions fait pour notre précédent EP pour lequel nous avions eu le plaisir de découvrir un artiste talentueux : Trëz. Artiste pluridisciplinaire, l’un de ses dessins collait parfaitement au concept et à la symbolique visuelle que nous recherchions. Le résultat nous avait vraiment plu et nous voulions réitérer l’expérience. Cette fois, nous voulions une peinture abstraite mais dont émanerait un sentiment chaotique. Nous avons alors découvert Sylvie Gedda dont les œuvres incroyables nous ont immédiatement plu. Le projet a tout de suite retenu son attention et nous avons choisi son œuvre « La Dame Blanche ». Sylvie nous a énormément soutenus et nous sommes vraiment ravi d’avoir pu réaliser cela avec elle. C’est une artiste incroyable.

Et pourquoi ce titre, From Nihil ?

La composition musicale, comme l’aspect visuel et les textes accompagnant l’album sont issus du néant primordial qui compose nos esprits. Lorsque nous faisons référence au néant, nous ne parlons pas d’absence absolue mais d’une énergie non visible pour l’œil humain dont est extrait le tout, comme l’état cosmique précédent le big bang créateur.

Selon le press-kit, les thèmes de l'album sont le chaos cosmique, néant et l'insignifiance de l'Homme dans l'Univers. On dirait le contenu du programme télé :-). Pouvez-vous nous expliquer un peu tout ça ? Rassurez-nous, on peut quand même écouter l'album sans avoir une maîtrise de philosophie ?

Le concept de cet album aborde l’immensité, la puissance et le mystère absolu qu’est le cosmos ainsi que le néant créateur dont je t’ai parlé plus haut. L’homme a toujours l’outrecuidance de penser être le bénéficiaire de tous les dons de la nature et qu’il a l’attention de l’univers tout entier. Il ne supporte pas la possibilité de n’être qu’une simple créature du monde du vivant dont le passage finira par disparaître dans l’oubli général comme tout ce qui nous entoure. C’est de cela qu’il s’agit dans cet album, réaliser que notre existence et nos agissements frénétiques pour la maitrise de notre environnement sont voués à l’échec, et qu’en fin de compte cet état de fait n’a rien de dramatique. Au contraire cela rend les choses plus intenses, vivre avec cette touche de mélancolie extatique. Ca peut paraître un peu perché au premier abord, mais c’est plus simplement une réflexion sur notre attitude, considération, nos actions, à différentes échelles. Un état des lieux de notre petit monde et de notre place au sein de celui-ci, mais avec un certain développement et recherche philosophique. Tu parles de programme télé, je t’invite, si tu ne l’as pas déjà vu, à aller regarder cette série de courts épisodes : « Une espèce à part » réalisée par Franck Courchamp et Clément Morin diffusée sur Arte. Cela nous remet vraiment à notre place.

Comment décidez-vous des titres pour vos morceaux ? Sans aucune parole, c'est pas forcément facile, tout est donc dans l'ambiance ?

Le concept de l’album a été écrit en parallèle de la composition, les titres des morceaux sont à la fois prédéfinis par le concept général et par ce qui ressort de l’atmosphère de chaque morceau. Il n’y a effectivement pas de paroles sur la musique mais l’album est accompagné d’un texte qui illustre le concept global. Les morceaux ont également chacun d’eux un texte pour les accompagner. Vous pouvez les retrouver sur notre page facebook ou notre site internet.

Comment avez-vous composé pour cet album ? Le processus a-t-il été différent des précédents ?

Le processus de composition a beaucoup évolué avec cet album. Chacun de nous s’est énormément investi, et nous avons tous contribué à son élaboration. Aurélien compose toute la partie musicale, puis la soumet au groupe qui travaille ensuite sur certains aspects de structure et d’arrangements. Tom Gadonna s’occupe de la production studio (enregistrement, mixage, traitements du son, arrangements) ainsi que l’univers visuel du live comme la programmation des lights. Alex est à l’origine de la direction artistique (les concepts des albums, les textes qui les accompagnent ainsi que les titres des morceaux). Tom Bonetto est en charge de la réalisation de l’univers visuel, il a réalisé les clips pour cet album, les vidéos live ainsi que toute la création graphique.

Comment travaillez-vous en studio pour l'enregistrement ? Vous enregistrez en live ?

Tout a été produit au « Axone Studio » de Tom Gadonna, qui est à la fois notre studio de répétition et d’enregistrement. Nous ne pouvons pas enregistrer en live mais piste par piste. Aurélien compose de son côté dans un premier temps et développe des idées. Ça peut être initié par un riff, une ambiance, un synthé, une intention. Toutes les guitares, la basse, les samples sont développés et produits de cette manière accompagnés d’une batterie témoin qui est ensuite retravaillée par Tom G. Une fois toute la base instrumentale posée, les morceaux sont décortiqués une nouvelle fois pour compléter avec certains arrangements.

Les ambiances sont globalement assez sombres, vous êtes tous soignés pour dépression ? :-)

Notre musique est lourde et sombre, souvent mélancolique mais on y ressent aussi de l’exaltation. Elle reflète nos émotions et ce que nous percevons de ce qui nous entoure. C’est une sorte de catalyseur.

Certaines ambiances sont carrément pesantes, par exemples les hurlements et les pleurs de femme sur Void Divine sont glaçants, d'où avez-vu sorti ça ?

Ces ambiances reflètent ce que nous voulons faire ressentir, des sensations parfois oppressantes, parfois oniriques et planantes. Les pleurs sur Void Divine proviennent des méandres d’internet et de son florilège de désespoir.

Sur certains passages on retrouve des ambiances à la Klone, certains autres, plutôt celles très cinématographiques d'Hypno5e, vous les connaissez je pense ?

Klone et hypno5e font partie de ces groupes français pour qui nous avons beaucoup d’admiration et cela est toujours agréable lorsque l’on fait référence à eux.

Pas mal de morceaux (The Hologram) font appel à des sons électroniques. Expliquez-nous avec quoi vous travaillez pour ça ?

Les samples et nappes électroniques sont issus de l’utilisation de plugins et softwares dédiés comme Kontakt ou Omnisphere. L’utilisation de certaines textures permet véritablement d’enrichir la trame musicale de notre musique, ou parfois même d’apporter une identité à un passage.

Le son est particulièrement énorme (les parties Djent arrachent tout), vous arrivez à retrouver ce son en live ?

Nous travaillons énormément notre son aussi bien sur album qu’en live. Nous avons, au fur et à mesure des années, passé beaucoup de temps dans la recherche des sonorités, du matériel adapté, des systèmes d’amplification/simulation pour les guitares et basse, la gestion informatique de nos interfaces, ou nos instruments. Nous essayons d’être le plus fidèle possible à l’album lorsque nous jouons en live.

J'ai lu qu'en live vous utilisez pas mal de projections vidéo, j'ai vu le clip de Ephemeral, vos pochettes, vous êtes un groupe très branché visuel non ?

Le coté visuel à une très grande part dans ce projet. Nous cherchons toujours à créer un ensemble cohérent et riche qui puisse immerger le plus possible l’auditeur dans notre univers. L’intérêt pour nous est de proposer un ensemble musical et visuel. La vidéo projection permet, à défaut de textes et de chanteur, de suggérer des ambiances, un support lié à la musique. C’est aussi pour cela qu’il nous est cher de travailler avec des artistes plasticiens dans le développement des visuels pour chaque album. La collaboration artistique et le mélange des disciplines nous plaisent beaucoup et nous permettent d’enrichir le propos ou l’intention.

D'ailleurs, plusieurs de vos morceaux sont disponibles sur Youtube posés sur des visuels très recherchés. Votre musique se prêterait bien au support d'images, avez-vous tenté des expériences dans ce sens, comme des ciné-concerts ?

Faire un ciné concert est une idée à laquelle nous réfléchissons et que nous aimerions beaucoup concrétiser.

En parlant de live, revenons à la situation actuelle. Je suppose que c'est compliqué de promouvoir un album en pleine pandémie ?

La situation actuelle comme pour l’ensemble du monde du spectacle a été très dommageable pour nous. Nous avons dû reporter plusieurs dates très importantes pour nous. Mais ce n’est que partie remise !

Comment avez-vous vécu ce confinement ? A-t-il été propice à la création ?

Comme tout le monde, ce confinement a été très pesant, mais nous en avons profité pour travailler sur le concept du prochain album et commencé à maquetter de nouveaux morceaux.

Pensez-vous pouvoir remonter sur scène en 2020 ?

Nous espérons pouvoir faire notre release party Myrock Sessions avec Kadinja et TDTC [The Dali Thundering Concept] en septembre si les conditions s’améliorent ainsi que d’autres événements prévus cet automne si cela ce confirme.

J'espère en tout cas que cet épisode ne fera pas disparaître trop de groupes, de festivals, de salles de spectacles. C'était déjà pas simple de vivre de la musique, vous arrivez à gérer la nouvelle donne ?

Oui, nous espérons vraiment que le monde de la musique se relèvera sans trop de dommage. Tom Gadonna et Tom Bonetto travaillent dans le monde du spectacle donc ce n’est vraiment pas évident. Quant à nous, nos activités n’y sont pas liées donc ça ne change rien. Nous ne vivons pas de notre musique donc l’arrêt forcé n’aura pas autant d’incidence sur nous que pour beaucoup d’autre groupes.

Je vous remercie et vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs...

Nous espérons que cette interview vous aura plu, que vous aurez pu en apprendre plus sur nous et que cela éveillera votre curiosité pour continuer à découvrir notre projet dans son ensemble. Merci à toi et Aux portes du Metal pour le temps que vous nous avez consacré. Merci aux lecteurs qui continuent à soutenir cette scène par leur passion. Et à bientôt en live pour découvrir notre nouvel album From Nihil.

Venez donc discuter de cette interview sur notre forum !