Interview [STÖMB]
Salut les [STÖMB], pouvez-vous nous présenter le groupe ?
Le groupe a été formé en 2012 et est composé d’Aurélien De
Freitas (guitare), Tom Bonetto (guitare), Alex Garachon (basse) et Tom Gadonna (batterie). Nous avons
sorti deux EP, « Fragment » en 2013 et « Duality » en 2017 et deux albums,
« The Grey » en 2015 et « From Nihil » en janvier dernier.
Quelle est l'origine du nom du groupe ? Pourquoi les crochets ? Font-ils partie du nom du groupe ?
Le nom du groupe n’a pas de signification propre ou d’explication contextuelle. Nous ne
souhaitions pas que le nom du groupe se réfère à une quelconque signification mais
plutôt qu’il laisse place à l’imagination. Son essence est avant tout sonore,
et s’exprime dans la lourdeur et l’impact de sa prononciation. Les crochets sont là
pour accentuer l’aspect phonétique, mais aussi visuel, ce qui les rend indissociables du
nom du groupe.
Comment décririez-vous la musique de [STÖMB] ?
Nous définissons notre musique comme du Post Djent. Nous mélangeons certains aspects
ambiants, planants et éthérés du Post Rock avec le côté plus lourd et
polyrythmique du Djent.
Quelles sont les influences majeures du groupe ?
Les influences du groupe sont assez variées mais on peut retrouver des groupes comme Meshuggah,
Gojira, Vildhjarta, Cult of Luna, If These Tree Could Talk, Oh Hiroshima…
Vous êtes une formation instrumentale. Pourquoi ce choix, vous êtes fâchés
avec les chanteurs ?
Lorsque nous avons commencé ce projet, nous souhaitions trouver un chanteur. Nous avons
auditionné plusieurs personnes mais nous n’étions jamais satisfaits par le
résultat que cela apportait. Plus le temps passait et plus les morceaux se
révélaient auto-suffisant dans leur aspect instrumental. Cela nous est apparu
évident que nous devions continuer sans chant. Et nous ne regrettons absolument pas ce choix.
Cela donne une ouverture à notre musique que nous n’aurions pas eue autrement.
Est-ce que les membres du groupe ont d'autres projets musicaux parallèles ?
Actuellement, aucun de nous ne fait parti d’un autre projet.
Revenons donc à l'actualité. Vous avez sorti en janvier votre nouvel album, le
troisième, qui s'appelle From Nihil. Parlons d'abord de la pochette, qui comme pour les deux
précédents semble avoir reçu beaucoup d'attention. Pouvez-vous nous en dire deux
mots ?
Pour cet album, nous souhaitions encore collaborer avec un artiste comme nous l’avions fait pour
notre précédent EP pour lequel nous avions eu le plaisir de découvrir un artiste
talentueux : Trëz. Artiste pluridisciplinaire, l’un de ses dessins collait parfaitement au
concept et à la symbolique visuelle que nous recherchions. Le résultat nous avait vraiment
plu et nous voulions réitérer l’expérience. Cette fois, nous voulions une
peinture abstraite mais dont émanerait un sentiment chaotique. Nous avons alors découvert
Sylvie Gedda dont les œuvres incroyables nous ont immédiatement plu. Le projet a tout de
suite retenu son attention et nous avons choisi son œuvre « La Dame Blanche ». Sylvie
nous a énormément soutenus et nous sommes vraiment ravi d’avoir pu réaliser
cela avec elle. C’est une artiste incroyable.
Et pourquoi ce titre, From Nihil ?
La composition musicale, comme l’aspect visuel et les textes accompagnant l’album sont
issus du néant primordial qui compose nos esprits. Lorsque nous faisons référence
au néant, nous ne parlons pas d’absence absolue mais d’une énergie non visible
pour l’œil humain dont est extrait le tout, comme l’état cosmique
précédent le big bang créateur.
Selon le press-kit, les thèmes de l'album sont le chaos cosmique, néant et
l'insignifiance de l'Homme dans l'Univers. On dirait le contenu du programme télé :-).
Pouvez-vous nous expliquer un peu tout ça ? Rassurez-nous, on peut quand même
écouter l'album sans avoir une maîtrise de philosophie ?
Le concept de cet album aborde l’immensité, la puissance et le mystère absolu
qu’est le cosmos ainsi que le néant créateur dont je t’ai parlé plus
haut. L’homme a toujours l’outrecuidance de penser être le bénéficiaire
de tous les dons de la nature et qu’il a l’attention de l’univers tout entier. Il ne
supporte pas la possibilité de n’être qu’une simple créature du monde du
vivant dont le passage finira par disparaître dans l’oubli général comme tout
ce qui nous entoure. C’est de cela qu’il s’agit dans cet album, réaliser que
notre existence et nos agissements frénétiques pour la maitrise de notre environnement
sont voués à l’échec, et qu’en fin de compte cet état de fait
n’a rien de dramatique. Au contraire cela rend les choses plus intenses, vivre avec cette touche
de mélancolie extatique. Ca peut paraître un peu perché au premier abord, mais
c’est plus simplement une réflexion sur notre attitude, considération, nos actions,
à différentes échelles. Un état des lieux de notre petit monde et de notre
place au sein de celui-ci, mais avec un certain développement et recherche philosophique. Tu
parles de programme télé, je t’invite, si tu ne l’as pas déjà
vu, à aller regarder cette série de courts épisodes : « Une espèce
à part » réalisée par Franck Courchamp et Clément Morin
diffusée sur Arte. Cela nous remet vraiment à notre place.
Comment décidez-vous des titres pour vos morceaux ? Sans aucune parole, c'est pas
forcément facile, tout est donc dans l'ambiance ?
Le concept de l’album a été écrit en parallèle de la composition, les
titres des morceaux sont à la fois prédéfinis par le concept général
et par ce qui ressort de l’atmosphère de chaque morceau. Il n’y a effectivement pas
de paroles sur la musique mais l’album est accompagné d’un texte qui illustre le
concept global. Les morceaux ont également chacun d’eux un texte pour les accompagner. Vous
pouvez les retrouver sur notre page facebook ou notre site internet.
Comment avez-vous composé pour cet album ? Le processus a-t-il été
différent des précédents ?
Le processus de composition a beaucoup évolué avec cet album. Chacun de nous s’est
énormément investi, et nous avons tous contribué à son élaboration.
Aurélien compose toute la partie musicale, puis la soumet au groupe qui travaille ensuite sur
certains aspects de structure et d’arrangements. Tom Gadonna s’occupe de la production
studio (enregistrement, mixage, traitements du son, arrangements) ainsi que l’univers visuel du
live comme la programmation des lights. Alex est à l’origine de la direction artistique
(les concepts des albums, les textes qui les accompagnent ainsi que les titres des morceaux). Tom
Bonetto est en charge de la réalisation de l’univers visuel, il a réalisé les
clips pour cet album, les vidéos live ainsi que toute la création graphique.
Comment travaillez-vous en studio pour l'enregistrement ? Vous enregistrez en live ?
Tout a été produit au « Axone Studio » de Tom Gadonna, qui est à la
fois notre studio de répétition et d’enregistrement. Nous ne pouvons pas enregistrer
en live mais piste par piste. Aurélien compose de son côté dans un premier temps et
développe des idées. Ça peut être initié par un riff, une ambiance, un
synthé, une intention. Toutes les guitares, la basse, les samples sont développés
et produits de cette manière accompagnés d’une batterie témoin qui est
ensuite retravaillée par Tom G. Une fois toute la base instrumentale posée, les morceaux
sont décortiqués une nouvelle fois pour compléter avec certains arrangements.
Les ambiances sont globalement assez sombres, vous êtes tous soignés pour
dépression ? :-)
Notre musique est lourde et sombre, souvent mélancolique mais on y ressent aussi de
l’exaltation. Elle reflète nos émotions et ce que nous percevons de ce qui nous
entoure. C’est une sorte de catalyseur.
Certaines ambiances sont carrément pesantes, par exemples les hurlements et les pleurs de femme
sur Void Divine sont glaçants, d'où avez-vu sorti ça ?
Ces ambiances reflètent ce que nous voulons faire ressentir, des sensations parfois
oppressantes, parfois oniriques et planantes. Les pleurs sur Void Divine proviennent des méandres
d’internet et de son florilège de désespoir.
Sur certains passages on retrouve des ambiances à la Klone, certains autres, plutôt
celles très cinématographiques d'Hypno5e, vous les connaissez je pense ?
Klone et hypno5e font partie de ces groupes français pour qui nous avons beaucoup
d’admiration et cela est toujours agréable lorsque l’on fait référence
à eux.
Pas mal de morceaux (The Hologram) font appel à des sons électroniques. Expliquez-nous
avec quoi vous travaillez pour ça ?
Les samples et nappes électroniques sont issus de l’utilisation de plugins et softwares
dédiés comme Kontakt ou Omnisphere. L’utilisation de certaines textures permet
véritablement d’enrichir la trame musicale de notre musique, ou parfois même
d’apporter une identité à un passage.
Le son est particulièrement énorme (les parties Djent arrachent tout), vous arrivez
à retrouver ce son en live ?
Nous travaillons énormément notre son aussi bien sur album qu’en live. Nous avons,
au fur et à mesure des années, passé beaucoup de temps dans la recherche des
sonorités, du matériel adapté, des systèmes d’amplification/simulation
pour les guitares et basse, la gestion informatique de nos interfaces, ou nos instruments. Nous essayons
d’être le plus fidèle possible à l’album lorsque nous jouons en live.
J'ai lu qu'en live vous utilisez pas mal de projections vidéo, j'ai vu le clip de Ephemeral,
vos pochettes, vous êtes un groupe très branché visuel non ?
Le coté visuel à une très grande part dans ce projet. Nous cherchons toujours
à créer un ensemble cohérent et riche qui puisse immerger le plus possible
l’auditeur dans notre univers. L’intérêt pour nous est de proposer un ensemble
musical et visuel. La vidéo projection permet, à défaut de textes et de chanteur,
de suggérer des ambiances, un support lié à la musique. C’est aussi pour cela
qu’il nous est cher de travailler avec des artistes plasticiens dans le développement des
visuels pour chaque album. La collaboration artistique et le mélange des disciplines nous
plaisent beaucoup et nous permettent d’enrichir le propos ou l’intention.
D'ailleurs, plusieurs de vos morceaux sont disponibles sur Youtube posés sur des visuels
très recherchés. Votre musique se prêterait bien au support d'images, avez-vous
tenté des expériences dans ce sens, comme des ciné-concerts ?
Faire un ciné concert est une idée à laquelle nous réfléchissons et
que nous aimerions beaucoup concrétiser.
En parlant de live, revenons à la situation actuelle. Je suppose que c'est compliqué de
promouvoir un album en pleine pandémie ?
La situation actuelle comme pour l’ensemble du monde du spectacle a été très
dommageable pour nous. Nous avons dû reporter plusieurs dates très importantes pour nous.
Mais ce n’est que partie remise !
Comment avez-vous vécu ce confinement ? A-t-il été propice à la
création ?
Comme tout le monde, ce confinement a été très pesant, mais nous en avons
profité pour travailler sur le concept du prochain album et commencé à maquetter de
nouveaux morceaux.
Pensez-vous pouvoir remonter sur scène en 2020 ?
Nous espérons pouvoir faire notre release party Myrock Sessions avec Kadinja et TDTC [The Dali
Thundering Concept] en septembre si les conditions s’améliorent ainsi que d’autres
événements prévus cet automne si cela ce confirme.
J'espère en tout cas que cet épisode ne fera pas disparaître trop de groupes, de
festivals, de salles de spectacles. C'était déjà pas simple de vivre de la musique,
vous arrivez à gérer la nouvelle donne ?
Oui, nous espérons vraiment que le monde de la musique se relèvera sans trop de dommage.
Tom Gadonna et Tom Bonetto travaillent dans le monde du spectacle donc ce n’est vraiment pas
évident. Quant à nous, nos activités n’y sont pas liées donc ça
ne change rien. Nous ne vivons pas de notre musique donc l’arrêt forcé n’aura
pas autant d’incidence sur nous que pour beaucoup d’autre groupes.
Je vous remercie et vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs...
Nous espérons que cette interview vous aura plu, que vous aurez pu en apprendre plus sur nous et
que cela éveillera votre curiosité pour continuer à découvrir notre projet
dans son ensemble. Merci à toi et Aux portes du Metal pour le temps que vous nous avez
consacré. Merci aux lecteurs qui continuent à soutenir cette scène par leur
passion. Et à bientôt en live pour découvrir notre nouvel album From Nihil.
|