Groupe:

Silence Of The Abyss

Date:

30 Mai 2020

Interviewer:

Didier

Interview Silence Of The Abyss

Bonjour les Silence Of The Abyss, est-ce que vous pourriez présenter le groupe à nos lecteurs ?

Bonjour ! Le groupe se compose de David Santucci (guitare, choeurs), Jean-Bernard Florès (voix lead) et Diane Giannelli (batterie, choeurs). Il a été fondé en Corse en 2017.

Pourquoi ce nom de groupe ? Un rapport avec la Grande Bleue ?

Ah ah ! Non, en fait on voulait exprimer dans le nom une notion de profondeur, d’authenticité, quelque chose qui aille chercher nos racines. On avait trouvé “Silence“ et “Abyss“, et on a trouvé un moyen de réunir les deux.

Vous êtes un groupe originaire de Corse, c’est assez peu courant, comment ça se passe pour un groupe de metal en Corse ? Vous avez du public, des salles, d’autres groupes que vous pouvez nous faire découvrir ?

Et bien ici on est pas mal à faire du metal en fait. Il y a quelques scènes qui accueillent les groupes de metal, mais c’est plutôt le public qui manque ici. C’est très difficile de tous les citer, on aurait peur d’en oublier un, mais pour te donner une idée du nombre, tous les styles sont représentés, que ce soit du heavy, du doom, du trash, du progressif, du punk... il y a vraiment beaucoup de très bons groupes ici !

Quelles sont vos influences musicales majeures ?

Pour les majeures, on peut citer Tool, Gojira, SOAD, RATM, Metallica, Pantera, Sepultura... il y en a tellement ! Et puis chacun d’entre nous a ses propres influences majeures alors [rires]

Je trouve que l’étiquette de death prog ne colle pas trop à votre style surtout depuis l’arrivée de Jean-Bernard. Vous vous définissez comment ?

Alors effectivement cette étiquette a persisté malgré nous alors qu’elle concernait uniquement notre premier EP. L’album n’a pas été composé dans le même esprit, donc cette étiquette ne colle plus du tout. Nous on dit metal, ou metal méditerranéen pour rassembler un peu toutes nos influences.

Vous opérez sans bassiste, c’est un choix délibéré ou juste une situation temporaire ?

Disons qu’il y plusieurs raisons à cela. Il y a le fait que tous les trois, nous nous connaissons et jouons ensemble depuis une quinzaine d’années. L’amitié est très forte entre nous, c’est une famille. Il est donc très difficile pour une quatrième personne d’intégrer le trio. Il y a aussi le problème de la disponibilité de la personne. Au niveau du temps, mais aussi financier. On va pas se mentir, non seulement c’est très difficile de gagner sa vie dans le metal, mais en plus il faut investir et il faut avoir envie de tout ça. Enfin, la basse n’est là que pour grossir les fréquences de la guitare. Donc ça ne nous pose aucun problème de la mettre sur séquence puisque ce n’est pas un instrument qui est central dans la composition, simplement un appui.

Alors revenons à votre premier album, Unease & Unfairness qui est sorti en plein confinement. Pourquoi ce titre pas facile à prononcer d’ailleurs ?

David avait ce titre en tête bien avant qu’il commence à composer cet album. On savait déjà vite fait quels thèmes on allait y aborder. On a demandé la traduction de “mal-être et injustice“ à Paul-Thomas Cesari, un ami qui nous a bien aidé à corriger nos textes en anglais. Et il nous a envoyé plusieurs propositions en nous donnant les nuances de chaque mot. On a choisi cette combinaison là parce qu’on la trouvait dans l’esprit de ce qu’on voulait exprimer dans l’album.

Avant de parler musique parlez nous de cette pochette qui interroge ?

La pochette a été réalisée par Eric Hyrcza, Kahinienn Graphix. C’est un artiste qu’on a tout de suite adoré artistiquement, et puis lorsqu’on a commencé notre collaboration on a eu un vrai coup de foudre amical. On lui avait réservé le back cover, et pour la front, il nous proposé de la composer d’après les thèmes abordés dans l’album. Dès qu’il nous l’a envoyée, on a été complètement scotchés, il avait réalisé en image exactement ce que nous voulions exprimer en musique. Pour l’interprétation, chacun y voit ce qu’il veut, nous-mêmes avec Eric avons quatre interprétations différentes [rires]

Comment avez vous travaillez pour la composition de cet album ?

La composition se passe toujours comme cela : David compose les maquettes, et fait écouter à JB et Diane. Ensuite on modifie jusqu’à ce que nous soyons tous les trois d’accord sur le produit final. JB et Diane se sont partagés les mélodies et les textes. En général ce qui touche l’un touche les deux autres, donc il n’y a aucun débat sur les thèmes. Les mélodies sont travaillées aussi ensemble.

J’ai de suite été frappé par la coloration méditerranéenne des morceaux, apportée par le chant de JB. Il me semble que ça apporte une vraie identité au groupe. C’était une évidence quand il vous a rejoint ?

C’était une évidence parcequ’on était amis. Il nous a sauvé une date au pied levé lorsque deux semaines avant, on s’est retrouvés sans chanteur. Il s’est débrouillé comme un chef ! Et puis on lui a demandé de rester, ce qu’il a accepté au bout de 3 semaines de réflexion. Parce qu’effectivement, comme nous l’avons dit plus haut, c’est un engagement sérieux à prendre, qui comporte des sacrifices. JB les connaît parfaitement, et son arrivée a été salvatrice et dans un timing parfait par rapport à la vie de chacun. Evidement, on a ensuite parlé de la couleur qui allait être modifiée, dans le timbre de la voix et les mélodies, et tous les trois étions d’accord pour qu’il ne touche rien à son identité vocale ni ses harmonies, puisqu’elles font partie de notre culture à tous les trois.

Je crois savoir qu’il manie la langue Corse, pourtant vos morceaux sont chantés en Anglais, vous pensez que le metal peut se chanter en Corse ?

Oui, bien sûr, et il y a déjà eu plusieurs essais sur l’île. Mais le choix a été fait sur l’anglais parce que d’abord c’est une langue très rythmique, et puis on voulait que tout le monde puisse comprendre les paroles auxquelles ont attachent autant d’importance que la musique.

On trouve au milieu de l’album trois morceaux qui ont été écrits sur le thème de la corrida. C’est un sujet auquel vous êtes sensibles ? Vous pouvez nous en dire un mot ?

Oui, nous sommes tous les trois très sensibles à la condition humaine mais aussi animale. On se pose des questions sur certaines pratiques d’aujourd’hui, qui ignorent la souffrance, sous prétexte de traditions par exemple. Mais c’est valable pour tout un tas de pratiques qu’elles soient liées à la condition animale ou humaine.

Vos paroles sont disponibles sur votre site et j’avoue que j’ai été surpris de la qualités du contenu. C’est Diane et JB qui sont à la manoeuvre. Comment travaillent t-ils ces textes, et choisissent-ils les thèmes abordés ?

Merci beaucoup ! Les thèmes sont évoqués à trois. Comme ce qui touche l’un touche les deux autres, ça va assez vite. Ensuite, JB fredonne une mélodie sur le titre, et une fois que les trois ont validé, on commence à écrire sur le nombre de pieds de ce qu’a fredonné JB. Et puis ensuite on modifie si besoin jusqu’à ce que tout le monde valide.

Un de mes morceaux préféré de cet album est justement My Fair Fury, la pièce centrale de ce triptyque sur la corrida. Il me semble qu’il pourrait être le sujet d’une vidéo rentre-dedans sur ce thème non ?

Ah ah ! Oui alors, c’est une grande possibilité effectivement. Mais on n’est pas fermé sur d’autres titres. Tout peut arriver [rires]

L’album se termine par un morceau instrumental assez surprenant, Lunar, pourquoi ce choix ?

Alors Lunar est un morceau que David a composé après qu’on ait assisté à un gigantesque incendie près de chez nous, en Corse. L’île est malheureusement très touchée tous les ans par les incendies, et celui-ci avait été particulièrement long et étendu. Le paysage qu’il a laissé durant plusieurs mois était lunaire. Donc il n’y avait pas vraiment de place pour mettre une voix, puisque pas de présence humaine. Pour l’ordre, et bien il a été défini au dernier moment, et on trouvait que finir sur celle-ci, avec cette guitare acoustique qui tourne en boucle était représentatif de notre album, comme on avait d’ailleurs fini sur “Aura“ dans notre premier EP.

Dans ma chronique je fais référence à pas mal de choses allant de Gojira à System of a Down, en passant pas Rage Against The Machine. Ce sont des références qui vous énervent ou vous font plaisir ?

Ça nous fait très plaisir ! On ne veut pas cacher que nous sommes extrêmement fans de Gojira, c’est un groupe qui nous a plus qu’inspiré ! Autant musicalement qu’humainement ou spirituellement. Simplement c’est cette comparaison de JB à Serj Tankian qui fatigue un peu, parce que les harmonies arméniennes ressemblent de loin aux harmonies corses. Donc on va dire “JB chante comme Serj Tankian“... alors que JB chante comme JB avec des harmonies corses, pas arméniennes [rires]. Mais franchement, SOAD est un groupe qu’on a beaucoup écouté tous les trois et qu’on aime beaucoup. On est quand même très contents d’être comparés à tous ces super groupes !

Est-ce que, dans cet album en tout cas, le groupe n’est pas en train de se chercher un peu musicalement ?

En fait on savait qu’il y avait trois titres qui sortaient un peu de l’album: “The Color Of The Walls“, “God is Dead“ et “Weak!!“ mais on avait envie de se faire plaisir donc on ne s’est rien refusé. Tous ces styles si différents font partie intégrante de notre culture et donc de nous-mêmes. Pourquoi choisir ?

Vous avez sorti cet album en mars, c’est déjà pas simple de promouvoir de la musique en France en temps normal, mais j’imagine qu’avec la situation actuelle liée au COVID-19 c’est devenu l’enfer. Comment voyez-vous les choses ?

Ah ah ! Oui effectivement ça pouvait pas plus mal tomber [rires]. Mais en même temps la promo s’est faite malgré tout et peut-être qu’on a pu bénéficier de plus de zines, étant donné qu’ils n’étaient pas en déplacement, donc ça a peut-être eu du bon. Tout cela nous amène à passer encore plus de temps à travailler le live, chacun de notre côté et puis bientôt tous ensemble.

Malgré tout, quels ont été les retours suite à cette sortie ?

On a eu vraiment de très bons retours, ça nous a beaucoup surpris, on ne s’attendait pas à autant de retombées et encore moins qu’elles soient aussi bonnes ! Grâce à Roger de Replica Promotion et M&O Music et Office, on a eu la chance d’obtenir énormément d’interviews et pas mal de chroniques. On n’en espérait pas autant donc tout n’est que bonne surprise ! Maintenant, vu les circonstances, le plus dur va être de faire vivre cet album sur scène, donc trouver des dates.

Avec le recul, auriez vous fait certaines choses différemment sur cet album ?

Oui, bien sûr ! On ne cesse de se remettre en question et nous avons retenu, entre autres, que les harmonies de guitares comportaient parfois un peu trop de notes, ce qui a réduit les possibilités des backing vocals. Dans le prochain, ce sera plus aéré harmoniquement pour laisser la place à plus de voix par exemple.

Est-ce que le confinement a été propice à de nouvelles créations ?

David a très mal vécu ce confinement. Ce qui fait que le climat n’était pas propice pour lui à la création. C’est pratiquement vers la fin du confinement qu’il a commencé à composer de nouveaux titres. Donc oui, il y a quand même de nouveaux titres en cours.

Quels sont les autre plans pour Silence of The Abyss ?

Tourner le clip qu’on devait tourner pendant le confinement (ce qui fait qu’on hésite encore sur quel titre on va le faire), organiser une petite tournée dans le Sud pour cet hiver et puis chercher d’autres scènes sur Paris et ailleurs...

Merci à vous, je vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs...

C’est nous qui te remercions ainsi qu’Aux Portes du Metal, ça fait hyper plaisir de voir qu’on s’intéresse à notre musique, merci beaucoup !

 

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