Die Apokalyptischen Reiter

Interview date

13 Janvier 2011

Interviewer

Ostianne

I N T E R V I E W

Interview Volk-Man (par téléphone)


Votre musique est plus "conventionnelle" qu'avant. Pourquoi une telle évolution ?

Je ne sais pas. Nous avons eu beaucoup de temps pour faire les choses et nous avons eu beaucoup de bons moments dans le groupe. Et comme toujours, nous n'avons pas voulu faire la même chose une deuxième fois. Donc, peut-être que le dernier album était un peu plus lumineux, dans un état d'esprit plus positif et cette fois, c'est plus diversifié, sauvage, mais c'est aussi le sentiment général du groupe.

Comment avez-vous travaillé sur cet album ?

Nous avons fait beaucoup de répétitions, on se retrouvait deux à trois fois par semaine. On est parti en tournée puis nous sommes partis pendant plusieurs semaines chez nous, dans les montagnes. On avait le sentiment d'être un peu isolé et nous avons eu beaucoup de temps pour discuter, on a fait des boeufs, et trouvé le bon équilibre pour l'album... La plupart du temps, nous étions en tournée donc nous n'avons pas eu l'impression de travailler dessus pendant des mois, c'était plutôt du genre "ok, travaillons sur l'album, maintenant partons en tournée et hop, retravaillons sur l'album". Donc c'est un peu différent si on le compare à nos anciens albums.

Vous avez aussi produit l'album. Quels sont les sentiments que l'on ressent quand on crée mais que l'on peut aussi produire sa musique ?

Et bien, évidemment, ça donne beaucoup de liberté parce qu'après quinze ans dans un groupe, tu sais comment tu veux sonner et les techniques pour reproduire les idées que tu as en tête. Et bien sûr, c'est spécial parce que tu as le temps de réaliser les choses, pour l'enregistrement, tout est plus simple pour le groupe.

Ce nouvel album, "Moral & Wahnsinn" a une pochette spéciale et ne ressemble pas aux anciennes. Elle est plus colorée et on y voit des éléments religieux comme le serpent, la pomme, un homme qui ressemble à Jésus. Pourquoi y a-t-il ce genre de références et que signifie-t-elle ?

Oui, le sens français est Moralité et Insanité. Donc je pense que ça colle vraiment bien à l'album. Nous voulions montrer la question difficile, mais aussi la réponse difficile de ce qu'est la moralité et l'insanité. Nous ne pensons pas que la moralité est seulement bonne et que l'insanité et la folie sont uniquement mauvaises même si ce sont deux opposées. Pour nous, l'insanité et la folie représentent la liberté, la nature sauvage, et la moralité... Il y a beaucoup de moralité universelle ou d'autorités qui te disent ce qui est moral ou ce qui ne l'est pas, mais si on regarde les églises ou les Etats-Unis, qui les contrôle ? La morale, c'est ce qui fait dire, cette moralité est bonne, et la seule valable est celle de ces personnes. Et c'est un vrai sujet de philosophie, et quand on regarde l'histoire, beaucoup de philosophes connus comme Socrate ou Platon ont déjà émis des thèses là-dessus. Ce que nous voulions simplement montrer, c'est qu'il n'y a pas de moralité universelle ou de vérité universelle et nous voulions que les gens s'asseyent et regardent la pochette et ensuite commencent à réfléchir. Je pense que tout le monde connait au moins quelqu'un qui dit qu'on a pas le droit de faire ceci, mais si on cherche un peu, on voit qu'ils ne font pas ce qu'ils prônent. Donc, il y a beaucoup d'hypocrisie et de mensonges dans les discussions, surtout si on parle à des politiques. Donc nous avons pensé que c'était un très bon sujet qui pourrait coller avec l'album et quand nous avons trouvé le titre de l'album, c'était plus simple de choisir les morceaux et les paroles. Nous avons des paroles qui sont vraiment apocalyptiques et d'un autre côté il y a aussi des paroles porteuses d'espoir donc ça fonctionne vraiment bien.

Pour moi, l'homme vert représente la nature. Que penses-tu de la situation de la planète et de l'attitude des hommes ?

Oui, si tu regardes la pochette, tu vois l'homme vert, la nature qui est encore préservée qui est au milieu, et sur la gauche et la droite, il y a les autorités morales qui essayent de lui murmurer à l'oreille ce qu'il doit faire, ce qui est bien et ce qui est mauvais. Donc, il faut faire un choix, aller du côté droit ou du côté gauche. Et tout cela se transforme en conflit. Je pense que toute personne doit y faire face dans ce monde. Je veux dire par là que si tu es retenu par un problème de temps, et que sur la route, il y a un feu rouge, bien sûr, tu peux le griller, personne ne te dit que tu dois rester là où y aller. Mais c'est à toi de prendre la décision d'y aller même si le feu est rouge. C'est juste un exemple, mais... Mais on a aussi représenté la morale de la société. Les gens, comme dans une église, disent aux autres d'être gentils, et à côté de ça, tu peux lire dans les journaux qu'il y a vraiment de très mauvaises choses qui se passent dans les églises avec de jeunes gens, plein d'affaires sexuelles dont on a souvent entendu parler dans les médias. Et ce sont les mêmes personnes qui te disent d'être honnête, loyal, de ne pas voler et qui veulent que tu sois comme eux le veulent. Mais il n'y a pas de vérité universelle, parce que ce qui peut être vrai en Europe ne l'est pas forcément en Afrique.

Sur cet album, il y a onze morceaux, mais il dure moins de quarante minutes. Pourquoi avez-vous composé des morceaux aussi courts ?

Oui, je crois que c'est le premier album que nous faisons qui fait moins de quarante minutes. Mais nous pensons que cet album doit être intense et que les gens pourront supporter ce degré d'intensité. Nous avons fait d'autres expérimentations, et peut-être que nous aurions pu ajouter un ou deux autres morceaux, mais ça n'aurait qu'allongé le temps de l'album, cela ne l'aurait pas rendu meilleur.

"Gib ich ihn" et "Hört auf" sont sûrement les deux morceaux qui rappellent le plus ce que le groupe a fait par le passé. Etait-ce naturel pendant la composition ou avez-vous pensé que vous aviez à le faire pour satisfaire vos premiers fans qui sont déçus par votre évolution ?

En fait, c'était assez amusant de jouer ces morceaux. C'était la première fois que nous avons ressenti le besoin de refaire ça, de refaire quelque chose d'aussi extrême. Les paroles sont vraiment draconiennes sur ces chansons et je pense que ça colle vraiment avec l'intensité des paroles. Mais bien évidemment, pendant les répétitions, parfois, c'était comme ça : "ooh, ça ressemble vraiment à ce qu'on a pu faire à nos débuts !" Mais c'est sympa. Mais je peux te dire que l'ambiance au sein du groupe est vraiment bonne et nous avons vraiment eu beaucoup de bonnes idées. Nous voulions vraiment amener le plus d'idées stables possibles pour cet album. Je pense que ça va surprendre beaucoup de personnes.

Il y a ce morceau, "Dr. Pest", et c'est aussi le nom du claviériste du groupe. Quelle histoire se cache derrière cette chanson ?

Il y a un énorme mystère autour de Dr. Pest et tous les fans, et même les membres du groupe, sont curieux de connaître la vérité à propos de Dr. Pest (rires), parce que son image est vraiment unique et étrange. Il a un masque sur scène, un fouet et il corrige les gens. Il a cette attitude étrange qu'il apporte sur scène, et il y a un vrai dévouement et une passion de la part du public pour lui. C'est une super histoire que nous pouvons raconter, et nous voulions en faire une histoire importante, et sur ce morceau, il y a un orchestre de cordes. Pour moi, c'est vraiment une chanson épique. Bien sûr, cela va troubler les gens, mais c'est un hymne en son honneur. Et c'est le premier single qui sera commercialisé et nous avons déjà fait une vidéo pour le morceau. Elle sortira dans deux semaines et vous pourrez la voir gratuitement sur youtube où que vous soyez. Nous sommes vraiment curieux car cette chanson est vraiment, vraiment une bonne histoire à propos de Dr. Pest pour que tout le monde sache tout de lui !

Je vous ai vu au Raismesfest en septembre dernier, et c'est vrai, je l'ai aussi trouvé étrange!

Oui, il y a toujours le groupe sur scène, il n'y a aucune présentation des membres du groupe et il y a ce mec avec un masque et le fouet, qui joue du clavier et qui parfois vient sur le devant de la scène et fouette les gens... On n'a pas de véritables explications pour ça. Ça a toujours été comme ça, et quand on regarde les mails que les fans nous envoient, il y a toujours des questions sur Dr. Pest., pour savoir de quoi il en retourne. Ce qu'il y a dans la chanson, ce n'est pas la vérité car on ne peut pas l'expliquer, mais on a essayé de faire une histoire qui intéressera tout le monde.

"Heimkehr" est un morceau doux et seulement instrumental. Pourquoi l'avoir mis dans l'album ? Pour faire une pause pour les auditeurs ?

Oui. A part dans l'album "Licht" où il n'y avait pas de pause instrumentale, sur les albums précédents, nous avons toujours eu des morceaux instrumentaux. Parfois, c'est positif, surtout quand les morceaux sont aussi compacts et intenses. Donc le morceau est une sorte de pause, et donne le temps de se reposer un petit peu et avoir plus de concentration pour les titres qui suivent. Parce que d'après moi, l'ambiance de cet album change un petit peu après cet instrumental, surtout avec le morceau qui le suit directement, "Wir Reiten", qui est une chanson vraiment triste et cool. Mais c'est vraiment bien car ça apporte une pause et donc, on se prépare pour la suite.

Comme nous l'avons dit, pour cet album, vous avez à nouveau utilisé des éléments de death metal, penses-tu que finalement, vous pourriez le refaire dans le futur et sur scène ?

C'est toujours un peu difficile de trouver le bon équilibre quand on a autant d'albums. Je pense que nous pourrions jouer pendant sept heures ou quelque chose comme ça (rires), et quand on ne doit jouer que pendant quarante-cinq minutes... Donc, c'est toujours difficile de trouver les bonnes chansons pour un festival par exemple. Mais nous voulons toujours montrer les différentes facettes du groupe quand on fait des concerts, surtout quand on est en tête d'affiche et que l'on joue pendant une heure trente. Il y a assez de temps et d'espace pour les diverses influences et facettes du groupe.

Et comment faites-vous justement pour combiner les anciens et nouveaux morceaux, le côté death et le côté plus conventionnel ?

Bien sûr, c'est une évolution très importante. Et nous avons toujours cette chanson du premier album, "Metal Will Never Die", qui a aussi quinze ans et quand on joue ce genre de chose, tu te mets à penser au passé, au temps qui passe. Mais d'un autre côté, beaucoup de choses se sont passées pendant ces années et nous sommes vraiment reconnaissants pour le fait qu'on puisse toujours faire de la musique, et qu'il y ait toujours des gens qui aiment le groupe, qui nous suivent, d'avoir autant de soutien. C'est toujours un grand honneur pour nous et c'est toujours appréciable de jouer les anciennes chansons pour les fans. Quand on joue de vieux morceaux, les réactions sont bonnes, mais en général, dans la foule, une grande partie du public vient de la nouvelle génération et ne connait que le dernier album. Si on joue de vrais classiques du début, bien sûr pour certains fans, ça sera le paradis, mais si tu as la chance de pouvoir enregistrer le concert, et que tu te concentres sur la foule, tu peux te rendre compte que parfois, elle est assez silencieuse. Mais ça n'a pas d'importance, tous ceux qui viennent voir un concert doivent se sentir en accord avec la set-list. Et nous attendons avec impatience la prochaine tournée, nous répétons en ce moment et nous avons tant de chansons qu'il est difficile de trouver les bonnes.

Le groupe a été fondé en 1995. Quand vous regardez en arrière, avez-vous des regrets à propos de la carrière de Die Apokalyptischen Reiter ou si vous deviez recommencer, vous feriez la même chose ?

C'est une question difficile, mais bien sûr, tout le monde fait des erreurs, et pourrait faire les choses différemment ou mieux. Mais si on avait su certaines choses sur notre ancien label, nous n'aurions pas signé avec eux parce que ça a été une trop grande cause de stress et que ça nous a fait perdre beaucoup d'argent... Mais nous avons eu la grande chance de faire nos bêtises à nos tout débuts. Donc à cette époque, nous avions tous des travails réguliers, et c'était plutôt un passe-temps. Mais en général, il n'y a pas de regrets. Je pense que c'est vraiment un beau défi que de devoir faire avancer son groupe. Et puis au début, nous avions tellement de retours négatifs de la part de la presse... C'était comme si personne ne pouvait comprendre pourquoi nous avions tant mixé les morceaux et nous avons toujours dit que le principal était que les membres du groupe puissent interagir avec la musique. On ne pouvait pas prévoir que des milliers de personnes viendraient à nos concerts, personne ne le peut. Mais pour le moment, nous nous sentons vraiment honorés, et bien sûr, c'est une super mission de faire cette musique, d'écrire des chansons et de savoir que des milliers de personnes vont les écouter. C'était vraiment quelque chose d'inimaginable quand j'ai tenu une guitare dans mes mains pour la première fois.

Et l'année prochaine, votre premier album aura quinze ans. Prévoyez-vous de faire quelque chose de spécial pour le fêter ?

En fait, nous avons vraiment oublié le son que nous avions en 1995. Et puis maintenant, nous avons seize ans donc nous avons raté nos quinze ans... Peut-être est-ce une bonne idée de fêter nos dix-huit ans parce que nous serons enfin adultes ! (Rires). Mais je ne sais pas vraiment. Il y a un grand projet pour faire un gros DVD historique. Nous avons tout, toutes les vidéos studios, même celles de la première tournée. Nous avons vraiment des choses très vieilles et sympas en vidéo et bien évidemment, on pourrait faire un vrai gros DVD historique, mais cela prendrait une année environ à réaliser. Et pour le moment, nous n'avons pas le temps pour un tel projet. Mais disons que pour le vingtième anniversaire, ça pourrait être une bonne idée de sortir un DVD spécial pour les fans.

Sur l'album "Licht", vous aviez une guitariste, Lady Cat-man, mais maintenant vous avez un nouveau guitariste, Ady. Que s'est-il passé ?

En fait, nous n'avions pas les mêmes opinions pour beaucoup de choses. Donc la situation était inconfortable. Donc après neuf mois, nous nous sommes dits que nous ne pouvions pas poursuivre le travail ensemble donc nous avons cherché un nouveau guitariste. Je veux dire par là qu'avec un groupe, on passe beaucoup de mois sur la route et les affinités dans un groupe, c'est ce qu'il y a de plus important et on ne peut pas dire qu'on était très soudé... C'était différent... C'était ok, cool, elle a aussi apporté beaucoup de puissance et d'énergie au groupe et on a vraiment apprécié cela, mais pour nous, nous avons décidé de ne pas poursuivre avec ce line-up là. Et nous sommes vraiment contents d'avoir Ady avec nous dans le groupe, ça nous semble vraiment naturel qu'il soit là. C'est un guitariste passionné, et il est vraiment dans le metal. On n'aurait pas pu en trouver un meilleur que lui.

Comme vous répétez actuellement votre tournée et que je sais que vous avez toujours des scènes spéciales, avez-vous déjà une idée de ce que vous aurez sur scène pour votre prochaine tournée ?

En fait, c'est une bonne question parce que nous sommes actuellement au milieu du processus de création en pensant aux choses que nous aurons sur scène. Nous avons toujours des choses robotisées, des canons, et d'autres choses dans le genre. Nous avons beaucoup de choses sous la main, mais nous devons en discuter avec notre équipe, notre management et les organisateurs locaux, pour voir ce qu'il est possible de faire ou non. Les concerts vont être uniques, et nous travaillons pour faire quelque chose de spécial. Mais pour le moment, rien n'est vraiment sûr. C'est tout ce que je peux dire !

Et avec ce nouvel album, est-ce que la France va enfin avoir la chance de vous voir sur scène et pas seulement pendant des festivals ?

J'espère que nous allons pouvoir programmer une tournée aussi vite que possible. En fait, il était prévu avant notre tournée en Allemagne de faire trois concerts en France. Mais malheureusement cela ne s'est pas fait parce que ça ne fonctionnait pas, parce qu'il y avait trop de dates dans les salles et que ça n'allait pas ensemble. Mais nous sommes vraiment sur le point de signer avec le Hellfest, nous y avons déjà joué, et nous espérons pouvoir revenir en septembre, octobre pour quelques concerts. Cela dépend aussi de la vente sur le marché français... Mais nous avons eu du succès quand nous sommes venus avec le Paganfest à Lyon et à Paris et le Raismesfest était un grand défi. Je pense que le groupe a une bonne réputation en France, nous avons toujours aimé être en France et nous espérons y revenir le plus vite possible.

Que peux-tu ajouter pour terminer cette interview ?

Bien sûr, je dis bonjour à tous les fans français et je suis vraiment content que l'album sorte bientôt et je peux vous dire que la vidéo de Dr. Pest sortira début février. Nous allons l'annoncer sur le site, il va y avoir une nouvelle page facebook, facebook.com/reitermania donc si vous aimez le groupe, n'hésitez pas à nous ajouter pour être au courant de tout ce qui va se passer dans l'année. Nous voulons vraiment revenir le plus vite possible. Merci pour votre patience et votre dévouement au groupe et nous vous souhaitons tout le meilleur !


Venez donc discuter de cette interview, sur notre forum !