Groupe:

Bloodbound + Crystal Viper + Thobbe Englund

Date:

04 Avril 2017

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Après des années à faire les premières parties des copains de Sabaton ou Hammerfall, Bloodbound passe enfin à Paris et en tête d'affiche, s'il vous plait. Soit, pour beaucoup, cela ne constitue pas véritablement l'événement de l'année, Bloodbound, malgré quelques très bonnes réalisations à son actif, bénéficie pour l'instant d'un cercle de fans assez restreint... ce qui sera confirmé par l'affluence assez faible observée au Glaz'art ce soir (une petite centaine de billets vendus, m'a-t-on dit). Personnellement, je ne suis pas un grand fan du groupe mais les derniers albums, bien qu'assez impersonnels (un défaut récurrent chez ce groupe) sont sympathiques et j'ai vraiment aimé certaines de leurs réalisations passées (à leurs débuts, surtout). C'est l'occasion pour moi de voir de quel bois ces Suédois se chauffent sur scène ! Ces messieurs ne sont pas venus seuls et c'est donc accompagnés de trois autres groupes (Rexoria, Thobbe Englund et Crystal Viper) qu'ils s'apprêtent à faire parler le metal. C'est parti.

 

REXORIA

Rexoria… connais pas. Mais alors pas du tout. Le groupe est assez jeune et nous vient de Suède et son nom ne m’évoque que celui, déformé, d’une marque de déodorant. Et je repartirai de cette soirée aussi ignorant qu'avant mon arrivée vu que j'ai bien loupé le groupe en question. Tant pis, mais on ne peut pas tout avoir : ce soir, c'était les fameux embouteillages de Paris et ses environs ou la découverte de Rexoria, J'ai "choisi" les premiers… Rexoria, ce sera donc (peut-être) pour une autre fois.

 

THOBBE ENGLUND 

En revanche, je n'ai pas perdu une miette du set de Thobbe Englund, célèbre pour avoir joué de la guitare chez Sabaton. Petit clin d'œil à son ancien groupe (ou non) : c’est The Final Countdown de Europe (qui a longtemps été la chanson choisie par Sabaton pour précéder leur début de set) qui sort des enceintes du Glaz'art avant que le Suédois et ses musiciens montent sur scène.

Quand Thobbe prend la parole, c'est pour faire une imitation d'Axl Rose ("you know where you fucking are ?") et c'est parti pour la chanson titre de son dernier album solo paru en février dernier : Sold My Soul. Et autant le dire tout de suite, ça le fait bien. Plus que sur album en tout cas (que j'ai écouté un peu mais qui est tellement sous-produit qu'il sonne comme une démo). C'est sûr qu'on est assez loin d'un Sabaton, là. Le metal pratiqué ici est très old-school, assez minimaliste dans son approche, et semble souvent vouloir rendre hommage aux légendes du passé (l'intro d'Annihilation sonne comme du Motörhead, la compo The Glow jouée un peu plus tard, c'est vraiment du vieux Black Sabbath…). Tout cela n'est pas renversant mais c'est direct et accessible… il est donc facile de se laisser entraîner et passer un moment agréable. D'autant plus que Mr. Englund est plutôt du genre sympathique et que les musiciens qui l'accompagnent (un batteur, un bassiste et un claviériste) sont aussi performants qu'enthousiastes. 

Après It Burns, Thobbe précise qu'il a une seconde femme, sa guitare... Chose que sa première femme semble avoir accepté. Tant mieux pour lui. Il en profite pour nous proposer un morceau instrumental dont le nom m'a échappé (désolé)... ça shredde à tous les vents et nous rappelle que le gars n'est pas dépourvu d'un certain niveau technique. La fin du set sera (comme ce fut le cas pour tout le show) quasi-essentiellement composé de morceaux du dernier album, The End Of Oil, mis à part et se concluera sur une chanson assez sympa, chantée en suédois, intitulée Trägen Vinner (et dont le riff évoque encore une fois Black Sabbath, mais celui de l'ère Tony Martin cette fois-ci). On a passé un bon moment en compagnie du monsieur et ses acolytes. Place à Crystal Viper.


Setlist Thobbe Englund :

01. Sold My Soul
02. Annihilation
03. Steel And Thunder
04. The Glow
05. It Burns!
06. Instrumental
07. The End Of Oil
08. Break The Chains
09. I Am
10. Trägen Vinner

 

CRYSTAL VIPER

C’est l’heure de se mettre un peu de heavy metal old-school en provenance de la Pologne sous la dent ! Crystal Viper, menée par la charmante Marta Gabriel. Je l’avoue, j’ai écouté quelques bouts d'albums comme ça sans spécialement avoir de coup de foudre. La recette du groupe est bien sympa mais ultra classique et convenue, il m’est de plus en plus difficile de m’emballer sur ce genre de découvertes en 2017… En revanche, le metal des Polonais est taillé pour la scène et, en live, l'énergie et l'aspect old-school et direct de cette musique font que ça passe tout seul.

C’est avec la chanson The Witch Is Back que le groupe attaque. Un tempo bien speed, un riff acéré, un morceau (extrait du tout nouvel album, Queen Of The Witches) puissant et hargneux idéal pour lancer les hostilités. Enfin, tout ça, c'est sur le papier… parce que le début du show est gâché par un problème de taille : un bon vieux son de merde. Oui, il faut appeler un chat un chat. On ne parle pas de son pas top ou perfectible là mais réellement d'un mix purement atroce, d'un truc cacophonique au possible qui aurait raison de la bonne volonté la plus tenace. En gros, la batterie couvre tout et nous éclate les tympans, les guitares sont réduites à un petit scroutch scroutch qui ne permet pas réellement d'identifier les riffs joués et la réverb' sur la voix est telle qu'on a l'impression que Marta n'est pas dans la même pièce que nous et que le son nous arrive par une espèce de canalisation raccordant la salle aux égouts (ou chiottes) avoisinants. C'est spécial, dirons-nous. Ce ne sera pas franchement meilleur sur Night Prowler, morceau extrait du premier album du groupe, mais ça va ensuite s'arranger petit à petit. Ce ne sera jamais hyper brillant et équilibré mais la plupart des chansons suivantes seront quand même nettement plus audibles… ce qui permettra au public de mieux profiter et de faire preuve de plus d'enthousiasme que sur les premières compos (pareil pour le groupe d'ailleurs, qui se détendra et se lâchera beaucoup plus une fois quelques morceaux passés). 

A part cela, difficile de ne pas percevoir certaines influences chez Crystal Viper... mais c'est peut-être le fil rouge de la soirée vu les hommages rendus par Englund un peu plus tôt et les emprunts à venir de la part de Bloodbound. Vers la fin du show, Gladiator, Die By The Blade sonne comme une compo oubliée de Manowar et l’intro de The Last Axeman semble tout droit sortie d’un vieil album d’Iron Maiden. L'ensemble n'est donc pas follement original mais, comme dit plus haut, la fougue l'emporte. Et il y a quand même quelques morceaux franchement sympas et qui se démarquent du lot, comme Night Of The Sin avec son refrain bien catchy (et ses "Black Sabbat At Midnight" repris en chœur), When The Sun Goes Down (l'une des quatre compos extraites du nouvel album proposées ce soir) plus lente et très mélodique ou une Metal Nation forcément fédératrice (avec un nom pareil, le contraire eut été étonnant) qui clôturera le set. Quand tout ça est terminé, le groupe à le sourire, il a réussi à rallier à sa cause une bonne partie du public et le moment passé fut, malgré la technique défaillante pendant une partie du show, sympathique.

Setlist Crystal Viper :

01. The Witch Is Back
02. Night Prowler
03. Night Of The Sin
04. Witch’s Mark
05. When The Sun Goes Down
06. Flames And Blood
07. The Greed Is Blind
08. I Fear No Evil
09. Gladiator, Die By The Blade
10. The Last Axeman
11. Metal Nation

 

BLOODBOUND

Ce n’est pas tout à fait le Bloodbound que j’aurais voulu voir qui se produit ce soir… mais je saurai m’en contenter. Rien de bien grave mais bon, le batteur Pelle Akerlind a récemment démissionné (dommage, j'aimais bien son jeu et cela faisait longtemps qu’il jouait avec le groupe en plus d’être dans d’autres formations que j’aime bien comme Trail Of Murder ou Morgana Lefay) mais son remplaçant est très bon, rien à lui reprocher. Le bassiste est en congé paternité, du coup : pas de basse mais juste deux guitares… à la Powerwolf ! Et l’un des deux guitaristes (Henrik Olsson) n’a pas pu assurer la tournée non plus car retenu en Suède par des obligations professionnelles, c’est donc Thobbe Englund qui le remplace. Au lieu des six musiciens ayant œuvré sur les deux derniers albums, on n’en a donc que trois. Cette petite déception mise de côté, force est de constater que le show est carré et bien emmené par les cinq compères. 

Alors, c'est sûr, mieux ne vaut pas préférer les débuts de Bloodbound aux albums récents (personnellement, j'ai un faible pour le premier et le troisième essai des Suédois, j'aime bien d'autres choses mais pas autant) car le groupe a vraiment axé sa setlist sur ses dernières œuvres, Stormborn et le petit nouveau War Of Dragons. Sur les quinze compos sélectionnées pour le concert, onze proviennent de ces deux albums, ce n'est pas rien. 

Le public, bien que peu nombreux, est content et fait du bruit… ce que ne manquera pas de faire remarquer à plusieurs reprises le chanteur. Satisfait de l'accueil des Français mais bien désireux que la prochaine fois soit encore plus mémorable quand même (« Parlez de ce concert autour de vous et ramenez du monde quand on reviendra » sera répété plusieurs fois par le frontman).

Le son est meilleur que pour Crystal Viper, heureusement, mais encore perfectible. Les guitares manquent de présence et la voix est un peu trop en retrait. Patrick J. Selleby joue bien son rôle de frontman et ne manque pas de faire participer le public. Dès Stand And Fight, troisième morceau de la soirée, il fait bien répéter l'assistance avant que la compo ne démarre afin de s'assurer que quand il chantera "Stand", le public répondra bien "Fight"... ce qui se fera très bien, effectivement. Tout au long du set, le chanteur fera preuve d'enthousiasme et maintiendra une bonne communication avec les fans, comme quand il apercevra l'un d'entre eux, habillé comme lui (et ayant même poussé le truc jusqu'à se coller des petites cornes sur la tête), et dira qu'il a l'impression de se regarder dans un miroir. 

Les musiciens font tous du bon boulot. Kalle Löfgren, le nouveau venu à la batterie, martyrise ses fûts avec précision et puissance. Thobbe Englund joue avec un plaisir communicatif, Tomas Olsson est moins souriant mais livre d'excellents solos et Fredrik Bergh occupe une place sonore non négligeable avec ses claviers et choeurs. En parlant de choeurs, on notera que quasiment tous les musiciens sur scène (le batteur mis à part) mettent la main à la pâte si je puis dire... sauf que là, si on les voit en effet s'activer derrière le micro, j'ai quand même un petit doute sur le boulot réellement effectué tant ce qui sort des enceintes semble provenir de samples. Je me garderai bien d'être catégorique sur le sujet mais quand même, le rendu me laisse sceptique. 

Un des meilleurs moments de la soirée et visiblement l'un des plus attendus par les fans fut celui où le groupe joua la chanson Moria. Issu d’un album sympa sans être incontournable (Unholy Cross dont Moria sera d'ailleurs le seul rescapé), ce morceau est un vrai hymne et il est vrai qu'il s'impose, je trouve, comme l'un des plus mémorables du set. La speed When All Lights Fail jouée juste avant a fait son petit effet aussi. L'ensemble des titres passe très bien sur scène de toute façon. On a le droit à des petits moment Manowar (In The Name Of Metal, Metalheads Unite), d'autres dans un esprit plus proche d'un power à la Sabaton (surtout parmi les compos extraites des deux derniers albums) et même à un peu de Judas Priest (le couplet de Satanic Panic). Tout cela manque un peu d'originalité mais c'est fun, efficace... bref, ça passe bien. 

Petite pointe d’humour bienvenue sur l'introduction de la véloce Dragons Are Forever : le chanteur va voir chacun de ses compères pour leur demander de compléter le titre de la chanson et ça donne des trucs assez marrants comme « Dragons Are… drunk », « Dragons Are… Unemployed » ou « Dragons Are… Swedish »… avant que le bon titre ne soit finalement livré. 

Le dernier morceau de la soirée sera (enfin !) l'occasion de faire un court détour par le premier album du groupe avec l'excellente Nosferatu. Pour l'occasion, il y aura même un brin de mise en scène avec l'arrivée de la mascotte du groupe sur scène (le claviériste du groupe de Thobbe Englund, il me semble, portant une soutane noire et un masque). Grand guignol et heavy metal traditionnel ont souvent fait bon ménage… Fun. Tout cela (le choix de la chanson et la mise en scène) font que le show se termine sur une note très positive. Peu de temps après, des membres du groupe viendront discuter avec les fans dans la salle... c'est toujours sympa. Alors, y aura-t-il une prochaine fois et la salle sera-t-elle plus remplie si c'est le cas ? Souhaitons-le pour Bloodbound, un groupe qui, s'il peut encore progresser (en affinant sa personnalité et cessant donc de trop regarder la copie du voisin), reste sympathique et convaincant sur scène. 

Setlist Bloodbound :

01. Iron Throne
02. War Of Dragons
03. Stand And Fight
04. In The Name Of Metal
05. Satanic Panic
06. Stormborn
07. When All Lights Fail
08. Moria
09. Battle In The Sky
10. Fallen Heroes
11. Nightmares From The Grave
12. Silver Wings
13. Metalheads Unite
14. Dragons Are Forever
15. Nosferatu