Metallica

Date

12 Mai 2012

Lieu

Paris

Chroniqueur

Didier

L I V E R E P O R T

Une fois de plus, un déplacement professionnel me permet de ne pas rater un concert historique, puisque ce concert de Metallica au Stade de France commémoratif des vingt ans du Black Album a pris des allures de grande fête historique. Ca promettait une setlist différente du dernier concert de Metallica auquel j’avais assisté aux Arènes de Nîmes. En plus c’était la première fois que je me rendais au Stade de France, et pour couronner le tout, j’y rejoignais mon pote Dominique (nouveau chroniqueur sur le site) et son fils. Le train qui me mène au Stade de France commence à se "metalliser" au fur et à mesure qu’on approche de la destination. A la fin c’est un vrai troupeau de moutons noirs qui sort et se dirige vers les entrées du stade. J’avais imprimé mon billet Digitik et il indiquait Secteur Ouest Porte C. Mon bizutage commence quand je m’aperçois que cette combinaison n’existe pas. Il y a un secteur Ouest avec des portes R ou S, et il y a bien une porte C, mais en secteur Est. Je me dis que le secteur doit être le plus important, et me tape tout le tour du stade que j’ai le loisir d’admirer. Les bars environnants déversent des décibels de metal, principalement Metallica mais pas que, sur des hardos visiblement heureux d’être là, à picoler et à profiter d’un magnifique beau temps avec un peu de vent. Mon tour de stade accompli, je me fait jeter par les machines de contrôle du Secteur Ouest (normal), et un gus qui me dit qu’évidemment, cette combinaison n’existe pas et que porte C, c’est porte C, où j’étais passé vingt minutes avant. Je termine mon tour de chauffe, et poireaute devant la porte C (un mystère qu’il faudra m’expliquer, c’est qu'il y a de longues queues à certaines porte (Y, Z, C) et pas du tout à d’autres (R,S). Bref, à 19 heures pétantes, je foule enfin la pelouse (recouverte pour l’occasion d’un dallage plastique). Il est évident immédiatement que je ne vais pas voir grand-chose de ce concert. La pelouse est déjà bien pleine, les gradins pas du tout.

Gojira vient d’entamer son set. Le son est surpuissant, ça parait démesuré (une fois de plus), bouchons obligatoires (je lis dans la presse que, soit disant, 120dB ont été mesurés, je croyais que c'était interdit ce genre de délire ?). Je trouve le son, non seulement trop fort, mais en plus pas au top, niveau mix (que de la basse et de la grosse caisse). C’est déjà pas facile d’accès, comme musique, pour moi, alors là, j’ai encore plus de mal. Je distingue à peine les musiciens sur scène. Trop petits, scène un peu basse, trop loin ou tout simplement une combinaison de tout ça. Je réussi à retrouver mon pote avant la fin du set de Gojira qui m’a paru assez court, probablement dans les trente-cinq minutes. Ils sont visiblement contents d’être là, Joe Duplantier parlant de moment historique. Ils jouent un morceau de leur album à venir en juin, L’Enfant Sauvage. Le son n’est franchement pas à la hauteur, et comme côté visibilité c’est le zéro absolu, les écrans géants n’étant pas allumés, c’est un peu la déception pour moi. Gojira vaut mieux que ça, il me semble. En plus je pensais que Gojira jouerait une heure, mais en fait, j’ignorais qu’il y avait un autre groupe de première partie, The Kills dont je n’avais jamais entendu parler.

Quand ils commencent, j’avoue que j’ai cru qu’il y avait un problème avec la sono, mais non, c’était le son de The Kills qui a un line up pour le moins étrange, enfin du peu que j’ai réussi à en voir. Un guitariste, une chanteuse à cheveux rouges et quatre tambours, qui jouent des percus sur une espèce de chorégraphie à deux balles. Côté musique c’est morne plaine (du Stade de France). Le son est plat, pas de basse, pas de batterie, des samples, les morceaux longs et répétitifs, dans un style que je ne suis pas sûr de pouvoir décrire. Ah si ça me revient : chiant. D’ailleurs les majeurs pointent rapidement le ciel dans la foule, et ils se font copieusement huer. Je ne sais pas si les musiciens réalisent bien mais on s’ennuie sec, et on se demande surtout pourquoi. C’est pas les groupes de qualité qui manquent ? Ou bien, pourquoi ne pas avoir donné juste plus de temps à Gojira ? Bref, quand la torture prend fin, il est 20h30, les Mets sont attendus pour 21h, et le stade est maintenant bien rempli (74000 personnes !), c’est assez impressionnant vu de la pelouse.

Les lumières s’éteignent vers 21h15 et les écrans géants s’allument pour nous passer un extrait du Bon, La Brute et le Truand, avec la fameuse (et habituelle) musique de Ennio Morricone. Je constate de suite que ça va être la guerre, ne serait-ce que pour voir les écrans qui ne sont pas placés super haut. C’est ballot, vive le nanisme ! Les Mets débarquent enfin et balancent la purée. Et là premier bonheur, le son est superbe, pas besoin de bouchons. Une fois de plus, je m’interroge sur le pourquoi du comment, et la raison pour laquelle le son de Gojira était si fort et si mal mixé. De la vraie scène je ne verrai rien, sauf la coursive supérieure sur laquelle James viendra chanter régulièrement, mais il sera le seul. Je ne verrai pas la batterie de Lars par exemple, j’aurais dû prendre des gradins, sauf que dans la pelouse le son est bon, et je suis pas certain que ça soit le cas dans les tribunes. Bref trop tard pour changer. Ca remue sec autour de moi, un sympathique groupe de belge mettent le bronx à ma droite, ce qui ne me gêne pas, sauf quand ils m’écrasent les pieds. Coté setlist, comme on sait que le clou de la soirée consiste à jouer le Black album dans son intégralité, on se demande ce qui va servir de mise en condition.

Et bien c’est très cool, puisque on a droit à de bonnes vieilleries issues de leurs premiers albums : Hit The Light énorme, Master Of Puppets dont le refrain est largement repris en choeur et le solo de Kirk tellement chanté qu'on entend même plus la guitare, No Remorse pas si courant que ça merci bien, et For Whom The Bell Tolls. Sur la scène, James remercie Paris, et dit que ce stade est vraiment superbe et qu’il est content de voir la Metallica Family réunie ici.

Je réalise d'aileurs que le stade semble bien plein, pourtant, ils vendaient encore des places aux guichets, et les vendeurs à la sauvette dehors étaient nombreux. Ca m’a bien fait rire, car je pense que la plupart auront eu du mal à revendre leurs places et encore plus à faire un bénéfice. J’ai entendu des tractations à 45 euros, vers 18h30, donc j’imagine que le prix vers 20h30 avait dû chuter et qu’on était loin des arnaques que j’ai pu voir sur internet avant que des billets soient remis en vente. Prenez en de la graine, vendeurs et acheteurs !

Je ne reconnais pas le morceau Hell And Back (je ne suis pas le seul), extrait du dernier EP Beyond Magnetic, que je n'ai pas écouté, et après trente minutes de chauffe efficace, un petit documentaire sur le Black album apparait sur les trois écrans géants (deux petits sur les côtés et un qui prend toute la largeur de la scène derrière eux). Le Black album est pour beaucoup la révélation de Metallica : succès, ventes records, tournée monstrueuses, premières ballades, le public de Metallica s’élargit vers un public non initié (le temps d’un album au moins, ou d’un single). Bref l’apothéose pour la plupart des gens, mais pas pour moi. En fait je dirais même que le Black Album c’est le début de la période où j’ai un peu lâché Metallica jusqu’au Death Magnetic. Pas lâché complètement (j’étais à Bercy avec la scène centrale, au parc de Vincennes sous la pluie) mais pour moi, les vrais albums sont Kill’em All, avec lequel je les ai découverts à sa sortie, Ride The Lightning et Master of Muppets. Le Black album me plaisait déjà moins. Une ballade dans Metallica ? Pourquoi pas dans Motörhead aussi ? Vous voyez le genre ?

Bref ils attaquent donc ce monument de Metal, un des albums les plus vendus dans le monde. Ils ont choisi de le jouer en sens inverse de ce qu’on trouve sur l’album. Ca rend franchement bien, même si j’aurais aimé un peu plus de communion avec le public entre les morceaux, histoire de parler du bon vieux temps. On replonge vingt ans en arrière avec plaisir. Il y a quelques moments forts, avec Nothing Else Matter, ou The Unforgiven bien sûr. Ces ballades sont devenues des hymnes, les entendre en live, au Stade de France, vingt ans après, donne une certaine sensation de bonheur, presque le tournis. Autour de moi c’est la liesse. Mais finalement je préfère les morceaux plus violents de l’album qui, en live, défoncent un max. C’est le cas de Sad But True, bien sûr, ou de Enter Sandman, qui donc clôture le set Black album. Haaa ! Quels bons moments.

Les Mets ont l’air de bien s’éclater aussi. James nous parle un peu : c’est un rêve, jamais il n’aurait pensé, il y a vingt ans, qu’un tel concert aurait lieu, que c’est le plus gros concert de Metallica en France (et deuxième plus gros en Europe), que Metallica nous aime. Il remercie aussi Gojira et prévient en rigolant qu’ils risquent d’avoir la grosse tête après avoir joué dans un tel stade, pas un mot sur The Kills (tiens ?), le James est tout sourire. Il est content de fêter l’évènement dans sa veste en jean couverte de patches, qu’il avait peut-être déjà il y a vingt ans, une avec un gros Motörhead dans le dos. En tout cas, contrairement à d’autres chanteurs qui sont un peu usés avec l’âge, je trouve que son chant se bonifie avec le temps. Il demande à ce que les lumières du stade soient allumées, pour nous voir, et c’est assez impressionnant de voir ce monde, j’imagine que de la scène ça doit en jeter.

Robert nous lâche un mini solo de basse et on arrive au dernier chapitre du concert, avec un Battery, monstreux, et ensuite, ce qui fut, un moment magique, avec One, pas nécessairement la meilleure version que j’ai entendu, mais quel laser show magnifique ! Déjà l’intro, dans le noir, au milieu d’un champ de bataille, est assez impressionnante, mais les lasers, dans ce grand stade, c’était vraiment le top.

Ils saluent, Lars fait des photos depuis la scène, et ils disparaissent quelques minutes sous les applaudissements. Ils reviennent pour un Seek & Destroy déjanté. La foule chante avec James, ça bouge bien. Quelques grosses flammes sur les deux côtés, des mini feux d’artifice, les ballons noirs dégringolent des deux côtés de la scène et puis c’est fini. Chacun des musiciens vient serrer des mains aux premiers rangs, il y a un petite avancée de scène qui leur permet de prendre des bains de foule. Distribution de baguettes, médiators et sourires. James et Kirk se drapent de drapeaux français lancés sur la scène et chacun leur tour ils diront un dernier mot, en français au micro, et à ce petit jeu c’est Robert qui est le meilleur. Il balance deux ou trois bonnes expressions marrantes, et quelques bons cri. Son look de ce soir est assez rigolo avec quatre nattes dans ses cheveux. Un peu avant, il nous aura fait une démonstration de derviche/bassiste tourneur fort sympatoche. Il a peut-être fait d’autres trucs, mais si c’était pas à l’écran je l’ai raté. A ce propos, sur les écrans, c’est quand même toujours James et un peu Lars, les stars. Par exemple, on voit souvent James en gros plan pendant que Kirk fait un solo, faudrait prévenir la régie vidéo.

C’est l’heure d’évacuer la place, je croise les caméra de Canal + à contre-courant, filmant la meute, personne ne peut montrer son cul, pas le temps, pas la place, pas la lumière, mais je me doute bien que ces images sont déjà dans la boite, capturées avant le show. Je suis agréablement surpris de l’efficacité de l’organisation du Stade de France, du RER et de son personnel. Il y a des trains supplémentaires, c’est bien organisé et je suis dans le bon train au bout de quinze minutes. Bravo l’infrastructure. Pas facile de gérer de telles foules. Je ne regrette pas d’avoir été de la fête, ce fut un grand moment de metal, du genre qu’on raconte à ses petits enfants en exhibant ses tickets de concert. Je suis content quand même d’avoir pu payer ma place un prix « normal », et pas un prix d’arnaqueur sur internet. Le metal remplit le Stade de France, et ben ouais, les gars, pas que Muse, U2 ou Johnny. En attendant mon avion le lendemain matin, je note qu'il n’y pas une ligne dans les grands quotidiens nationaux, qui préfèrent faire une pleine page sur Francis Lalanne. Peut-être qu’il y aura une pleine page sur Metallica au lendemain du concert des Red Hot, ou de Lady Gaga. Qui sait ?


Setlist de Metallica

Hit The Light
Master Of Muppets
No Remorse
For Whom The Bell Tolls
Hell And Back
The struggle within
My friend of misery
The god that failed
Of wolf and man
Nothing else matters
Through the never
Don't tread on me
Wherever I may roam
The unforgiven
Holier than thou
Sad but true
enter sandman
Battery
One
Seek and destroy

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