Artiste/Groupe:

Abbath

CD:

Outstrider

Date de sortie:

Juillet 2019

Label:

Season of Mist

Style:

Black Metal

Chroniqueur:

Bane

Note:

16.5/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Je n'aime pas le black. Ou plutôt dirons-nous que je ne l'AIMAIS pas. Ce qui fait une énorme différence. Qu'on soit clair : je n'aime pas ce que beaucoup appellent "true black metal". Les riffs en trémolo, beurk, j'ai l'impression que tous se ressemblent. Le blast-beat, beurk, il y en a partout. Le chant hurlé et écorché, beurk, je préfère un bon gros cri à la Tom Araya. Le son pourri, beurk, j'ai jamais compris pourquoi tant de groupes s'amusaient à faire ça.

Pendant longtemps, j'ai cru que ces éléments, c'était le black. Quel naïf j'étais ! Qu'on s'entende bien, hein, je ne suis toujours pas fan de black. Mais je peux avoir l'esprit ouvert, écouter une poignée de trucs et même en aimer une encore plus petite poignée. Toute cette évolution à cause (grâce ?) à un seul homme : Olv Eikemo, qu'on appelle plutôt Abbath. Et grâce à un album : Between Two Worlds, sorti sous le nom de I, projet solo de l'ami Olv. J'ai été séduit, pour la première fois de ma vie, par des chansons typées black, par son chant de sorcière... Abbath avait retiré ce que je n'aimais pas dans le black et m'avait montré ce qui pouvait me plaire. En plus, il semblait détourner les codes du genre pour en rire, avec bienveillance tout de même. Le mec était marrant et talentueux. Me suis donc empressé d'aller écouter la discographie entière d'Immortal (le groupe d'Abbath, pour ceux qui ne sauraient pas de quoi on parle). Bon, dans l'ensemble, ça a piqué sec. Mais, tu t'en doutes, deux albums sont sortis du lot : At The Heart of Winter et All Shall Fall. Pourquoi ceux-là ? Parce qu'Immortal mixait son black avec des influences heavy, des mélodies à la Maiden, des riffs à la Judas. Donc, quand Abbath a quitté Immortal pour se (re)lancer en solo, t'imagines bien que j'étais impatient. Le premier album est tombé, un de mes coups de coeur de 2016. Pas mal, hein ? Immortal, de leur côté, ont sorti le tout à fait acceptable Northern Chaos Gods l'an dernier. Pas mal mais pas assez "Abbath-ien" pour moi.

Donc, il y a quelques semaines, quand le titre Harvest Pyre est posté sur internet, c'est un petit Bane tout impatient qui attend la sortie du deuxième opus solo de l'ami Abbath. Penses-y donc : Abbath ne fait pas du black teinté heavy, il fait du heavy teinté black ! (ou peut-être que c'est ma mauvaise foi qui me fait penser ça, va savoir...). Du relatif mid-tempo, des accélérations à toutes berzingues, du vrai bon riffing épique... Au final, y'a plus que la batterie et le chant braillé d'Abbath qui sonnent black. En prime, j'ai même droit à un solo ultra mélodique et très typé 80's. Aux anges, je suis.



L'album arrive et la première écoute, je vais être franc, me désarconne un peu. Non, Abbath n'a pas laissé le black derrière lui. Fallait vraiment être couillon pour le croire (et ça, couillon, je sais l'être). Alors c'est un Bane un peu déçu qui finit d'écouter l'album et qui le laisse de côté quelques jours. Et puis, soudain, le doute. L'envie d'être sûr. La très désagréable impression d'avoir loupé un truc, d'être passé à coté de quelque chose. Je ne tiens plus, vite, mon casque ! Il faut que je réécoute cet album. Une heure et demie, soit trois écoutes plus tard, le verdict tombe : j'ai mal jugé cet album, il est en fait absolument excellent.

Parce que si Abbath n'abandonne pas le black, s'il ne fait pas encore du pur heavy, on est forcés de constater qu'il a (encore) réussi à créer un alliage des plus solides. Le son de l'album est écrasant, même la basse nous applatit le gosier : voilà qui me plait, on est loin des productions toutes crades qui me font tant horreur. De plus, Abbath a tendance à finir ses morceaux sans s'éterniser, sans étirer le truc pendant des plombes. Certains pesteront contre le manque de longues ambiances (à la At The Heart of Winter) mais moi je suis ravi d'entendre des chansons "courtes", qui savent quand finir. Un truc très punk ou très KISS-ien (époque 70's), ce qui n'a rien d'étonnant quand on connait les gouts musicaux du chanteur.

Un bon exemple de cet alliage mitonné par le groupe, en plus du single dont j'ai déjà parlé, évidemment, c'est le troisième morceau : The Artifex. Riff écrasant, cassure, petit shred, retour de la moissonneuse batteuse. C'est speed, speed comme du Slayer. Une vitesse enivrante, irrésistible ! Des couplets qui te broient la gueule, du blast et puis PAF une cassure de rythme et des soli ultra mélodiques (sans oublier le break bien senti, on n'est pas des animaux). Lourdeur black, mélodie heavy. Bravo, Olv, bravo !
Et des morceaux comme ça, y'en a un paquet sur l'album. Sans parler des intros, soit pour créer une ambiance, soit pour introduire un riff. Ma préférée est celle qui ouvre l'album, avec son riff acoustique. Petite montée et BAM, on passe le riff en électrique. Brillant. Voilà comment ouvrir un album : un p*tain de morceau !    



Au final, ce sont les morceaux les moins variés qui sont les moins convaincants pour mon oreille chaste. Prenez Bridge of Spasms : ça riff, ça blast-beat dans tous les coins, ça tabasse, Abbath tente même un hurlement bizarre, qui rend très bien cela dit. Mais c'est bien tout. Alors oui, on en ressort un peu sonnés, mais après le morceau précédent, cette pure décharge de brutalité fait pâle figure. Pareil pour Scythewinder, qui fonce à toute allure mais qui semble un peu trop bourrine après quelques titres plus nuancés. Attention, ces titres sont loins d'être mauvais. Mais je suis forcé d'admettre que je préfère quand le groupe varie un peu plus, quand ils "cherchent" quelque chose, autre que de la pure bestialité.

Le noyau dur de cet album se trouve entre les pistes 3 et 6 comprises. J'ai déjà dit tout le bien que je pensais que The Artifex et de Harvest Pyre mais un titre comme Land of Khem me rend tout fou aussi. Sérieux, je te mets au défi, ami lecteur, de garder ta tête attachée à ton corps quand tu te mangeras le riff de cette chanson. J'en ai encore mal au cou. Et que dire de Outsrider, si ce n'est que c'est mon morceau préféré de l'album ? Ça n'a pas été facile d'en choisir un mais le côté épique, presque Manowar-ien de ce titre a fait fondre mon petit coeur de metal (mon Metal Heart, comme dirait l'autre).


Alors oui, avec cet album, Abbath confirme qu'il est mon artiste estampillé black préféré parce qu'il sait retirer tout ce que je n'aime pas, faire ressortir ce que j'aime et mixer le tout avec tout ce que j'adore. Ce qui fait que ses deux albums solos trônent fièrement sur mon étagère à CD. Pas mal, pour un allergique au black, non ?

NB : y'a aussi, sur certaines éditions, une cover d'un titre de Bathory, Pace Till Death. C'est une copie conforme de l'originale, pas grand intérêt si tu veux mon avis. Je préfèrais quand Abbath reprenait du Judas Priest, sur l'album précédent. Cela dit, ça m'a donné envie de me pencher sur Bathory. Un mal pour un bien, donc.

NB2 : Tu veux écouter l'album avant de l'acheter ? Alors clique ici !

La vache, j'aurai répété Abbath un sacré nombre de fois, mine de rien. Allez, un petit dernier : ABBATH !

Titre préféré : Outsrider
Ca tue aussi : Calm in Ire, The Artifex, Harvest Pyre, Land of Khem...
Sympa sans plus : Scythwinder

Tracklist de Outstrider :

01. Calm In Ire (Of Hurricane)
02. Bridge of Spasms
03. The Artifex
04. Harvest Pyre
05. Land Of Khem
06. Outsrider
07. Scythewinder
08. Hecate
09. Pace Till Death (Bathory cover)

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !