Chronique Bane

Quand je vois un groupe qui (ab)use de maquillages et autres scénographies très (trop ?) travaillées, je me dis toujours qu'il y a anguille sous roche et que ce n'est qu'un cache-misère, une technique pour un groupe médiocre de faire parler de lui plus facilement. Alors, comme je suis curieux et un peu con, je gratte sous la surface et je vais voir ce que le groupe propose.

Parfois, c'est une bonne pioche. Je citerai, forcément, les grands et indétrônables Kiss et autres Alice Cooper, plus culte, tu meurs mais aussi un groupe plus récent mais déjà foutrement bien installé, à savoir Ghost. Chez eux, les déguisements rajoutent à la musique, qui tue. Chez d'autres groupes, c'est moins évident : prenons Gwar en exemple. C'est fondamentalement naze - même si ça me fait marrer - mais on est nombreux à connaître, de par leurs tenues.

Donc, quand je vois passer ici et là des photos promos et des interviews du groupe Avatar, je clique. Blabla, metal bigarré, blabla admettons, blabla nouvel album, single. Silence In The Age Of Apes. Bon ben j'écoute. Un truc très death mélo dans l'idée, pas trop mal, ça riffe convenablement, ça gueule un peu mais pas trop. Ok, j'écoute l'album, allez !
En parallèle, je regarde les chroniques dithyrambiques, on me parle d'influences System Of A Down, alors forcément ça m'intéresse - je te renvoie à ma chro du Mesmerize de SOAD. Première écoute. La catastrophe absolue. Zéro pointé, rien à sauver. Rien ne ressort de ce truc : c'est mal foutu, y'a pas de compos, pas de riffs, ça chante mal. Eh ben, ça promet pour la chro... Quelques écoutes plus tard, mon avis n'a pas été révolutionné, t'as qu'à voir la note. Mais je suis moins négatif...

C'est définitivement un album insipide, pas intéressant pour un sou et franchement inécoutable pour moi. On s'emmerde en permanence. Y'a quasiment pas un seul riff de potable, aucune ligne de chant vraiment intéressante, ça bourrine dans le vide... Sauf sur un titre : A Secret Door. Il m'avait déjà fait lever l'oreille à la première écoute, je confirme donc : c'est un bon titre. Là, on sent les grosses influences du disques : SOAD, donc, mais aussi du metalcore ou du Slipknot. Y'a un riff pas indigne, une ligne de chant intéressante, un thème mémorisable... C'est bien foutu, on retient bien, on est surpris à l'écoute.

Maintenant, on prend tout ce que j'ai dit sur ce morceau et on le retourne. Pof ! Ça fait le reste de l'album ! Des influences mal digérées (Rammstein ou Manson sur Colossus par exemple), des passages bourrins pour rien, des passages claires ratés - la faute à un chanteur plutôt limité - et des compos vraiment pas top. Avatar veut nous surprendre. Pourquoi pas, j'aime bien ça ! Mais faire un couplet chant clair avant un refrain ultra bourrin (ou l'inverse), ça n'a rien de vraiment surprenant. Au final, dès la moitié de l'album, on a tendance à tout voir venir ! Et je refuse de parler de la chanson piano-voix. N'insiste pas, je n'en parlerai pas.

On a donc un album auquel je ne trouve aucun réel intérêt (excepté Age Of Apes et Secret Door) et qui va vite partir aux oubliettes pour moi. Si ça te plaît, ami lecteur, tant mieux. Mais moi, je vais aller écouter autre chose, hein. Ah oui, au fait, la pochette est sympa - c'est mon côté fan de Stephen King qui parle.

Chronique Ced12

Contre toute attente, le nouvel album d'Avatar a déclenché quelques débats au sein de notre auguste rédaction sur la légitimité de ce groupe. Il est vrai qu'il y a quelque chose d'étonnant dans la trajectoire de ce groupe. Devenu un incontournable des scènes principales des différents festivals, Avatar n'a pour autant aucune grosse référence artistique (j'entends par là sur album). Révélateur d'une époque (temporairement révolue malheureusement) où c'est par le live que les groupes se font leur place au soleil.

Avec son look travaillé, ses concepts visuels plutôt aboutis, le charisme d'un chanteur qui a surfé sur le phénomène du Joker, Avatar avait tout pour capter l'intérêt dans ce modèle de festival « années 2010 ». Venant d'un death mélo assez costaud, Avatar a musicalement tempéré ses ardeurs allant ainsi chercher un public plus large. Tant mieux pour eux. Mais, car il y a un mais, le groupe s'expose à la critique du groupe formaté, paramétré dans une scène Metal de plus en plus populaire. Les critiques sont légions. Et il est vrai que ces groupes à "concept visuel" fort prennent ce risque (après tout, Ghost, dont je ne suis pas grand fan loin de là, ne fait pas non plus l'unanimité et bénéficie pourtant d'une aura immense et Slipknot en son temps avait eu du mal à s'imposer, pour ne citer que ces deux formations). 

Sur la chro du live au Download Paris, j'avais émis quelques réserves sur Avatar à qui il manque, selon moi, de l'impact et ce Hunter Gatherer me conforte dans ce sentiment. Le groupe sort un disque tous les deux ans, c'est louable mais voilà, les disques sont courts (dix titres maximum) et certains titres présentent un intérêt relatif. Tout comme mon estimé collègue Bane, j'éviterai de parler du morceau avec le piano. Inutile d'insister ! Il n'en demeure pas moins que ce disque s'écoute globalement plutôt pas mal. Le premier single Silence In The Age Of Apes est une tuerie digne de Hail The Apocalypse et si le groupe va trop souvent vers System Of A Down, il y a tout de même pire comme référence. Le chant de Colossus tend trop vers Ozzy Osbourne pour moi mais là encore bon riff (très martial) et chouette solo de guitare. When All But Force Has Failed prouve que le groupe en a encore sous le capot.

Je n'insiste pas trop, ce nouvel Avatar me semble de bonne facture, contient quelques bons titres. Mais, et oui toujours ce "mais" les concernant, ceux qui considèrent ce groupe surcoté n'ont pas tort selon moi. Ce n'est pas avec ce Hunter Gatherer qu'Avatar nous pond le disque qui fera d'eux une référence. Il n'en demeure pas moins qu'il s'écoute bien et que c'est déjà pas mal.

Tracklist de Hunter Gatherer :

01. Silence In The Age Of Apes
02. Colossus
03. A Secret Door
04. God Of Sick Dreams
05. Scream Until You Wake
06. Child
07. Justice
08. Gun
09. When All But Force Has Failed
10. Wormhole