On avait quitté Délétère il y a deux ans, sur la double sortie de la compilation De Ritibus Morbiferis - Demo Compendium et de l’opus Les Heures De La Peste. La formation québécoise revient sur le devant de la scène avec un nouvel EP titré Per Aspera Ad Pestilentiam.

À peine l’essai québécois a-t-il commencé que l’on peut reconnaître les tambours de la procession des damnés du film Le Septième Sceau, de l’inestimable réalisateur Ingmar Bergman décédé il y a tout juste dix ans. Décidément, je ne me trompais pas dans ma dernière chronique de Démonos, quand j’évoquais l’influence majeure que représentait le Suédois pour la scène Black Metal, tant du point de vue esthétique que philosophique. Pour un groupe traitant de la Grande Peste, sans doute n’y a-t-il pas plus belle oeuvre en la matière. Toujours est-il que la référence est bien là, et elle donne de la profondeur au propos de Délétère.

Du côté musical, le groupe a grandement évolué. On oublie les approximations des démos, on épure l’impulsion brute et souillée des Heures De La Peste pour produire un style à la fois épique et virulent. Per Aspera Ad Pestilentiam enveloppe sa musique et son chant rocailleux par l’ajout d’harmonies lyriques et de mélodies envoûtantes. L’influence sordide (Sordide ?) des débuts est contrebalancée par un travail sur les compositions, leur ordre et leur clarté.

Le propos des québécois se fait plus évident et se rapproche désormais bien plus d’un Grimoire que d’un Neige Et Noirceur (le rêve plus que l'horreur). L’Ambient, qui pouvait se distiller de-ci de-là dans les diverses pistes de Délétère, a lui aussi totalement disparu. C’est donc au sample du Septième Sceau que revient le rôle de « constructeur d’atmosphère » dans cet EP, ce qui est plutôt réussi.

Per Aspera Ad Pestilentiam signe un nouveau voyage pour Délétère, il perd en vaine crasse et souillure moribonde ce qu’il gagne en stridence et lyrisme. Deux époques se confrontent, et c’est à présent aux fans de décider de leur appartenance à l’une ou l’autre époque. Mais aujourd’hui, c’est vers un lyrisme folklorique empoisonné par le Black Metal que Délétère a décidé de poursuivre son chemin. De ce point de vue, Per Aspera Ad Pestilentiam est une réussite.


Tracklist de Per Aspera Ad Pestilentiam :

01. I – Incipit : Noster Fructus Irae
02. II – Le Lai de la Vermine
03. III – Horae Leprae : Cantus IV : I.N.O.P.I.A E.T. M.O.R.B.O.
04. IV – Milites Pestilentiae II : De Violatione Ciuitatis Febilis Dei
05. V – Ordo Regis Caedis

 

 

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