Artiste/Groupe:

Kingcrow

CD:

Eidos

Date de sortie:

Juin 2015

Label:

Sensory Records

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Didier

Note:

18/20

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Bon, autant vous le dire de suite : cet album sera dans ma sélection des meilleurs albums 2015, catégorie Metal Progressif. Une petite présentation s'impose. Kingcrow est un groupe de metal progressif originaire de Rome. Leur line-up est assez stable depuis l'arrivée de Diego Marchesi, déjà présent sur les deux albums précédents : Phlegethon (2010) et In Crescendo (2013). On retrouve Diego Cafolla et Ivan Nastasi aux guitares, Thundra Cafolla à la batterie, Cristian Della Polla aux claviers et Francesco D'Errico à la basse. L'album au titre improbable Eidos est la dernière partie d'une trilogie entamée en 2010, sur la condition et les émotions humaines ; tout un programme. Eidos semble un terme d'origine grecque, qui veut dire "L'apparence extérieure, la forme (du visage), l'aspect, la forme, le genre". Un poil mystique, et ça n'est pas la pochette qui va beaucoup nous aider à  :mieux comprendre. Bref, du côté du son, c'est par contre claire comme de l'eau de roche : production millimétrée, technique irréprochable des musiciens (batterie exceptionnelle de Thundra) et superbe chant un peu mélancolique de Diego. Dans l'ensemble, c'est assez mid-tempo avec, comme déjà dans les albums précédents, des petits breaks de génie. Si on faisait régulièrement référence à Dream Theater dans les albums précédents, je trouve que la tendance de celui-ci est à la croisée de Porcupine Tree, Riverside et Pain Of Salvation. Franchement, si vous aimez les groupes sus-nommés, n'hésitez pas une seule seconde : arrêtez de lire et passez commande immédiatement. N'oubliez pas de me faire un mail ensuite pour me remercier.

L'album attaque avec un des meilleurs morceaux, et aussi un des plus pêchus: The Moth, dont la vidéo est disponible ci-dessous.

Ce morceau synthétise à lui seul tout ce que j'aime dans le metal prog bien foutu : des signatures de temps étonnantes, une bonne basse, des bons riffs, une grosse mélodie sur la voix et un bon break. Sur plusieurs morceaux de cet album, Kingcrow utilise des parties de guitares acoustiques alternées avec les riffs, ajoutant une bonne profondeur et une assise parfaite pour le chant. Déjà dans ce morceau comme dans plusieurs autres, certains riffs rappellent Porcupine Tree. Ici, le break typé guitare flamenco et battement de main fait son effet, et le bridge qui suit est mortel, surtout pour les plans de batterie. Les deux guitaristes sont aussi crédités pour les chœurs, et c'est justement en mode chorale que termine le morceau. Adrift, qui suit, reprend un peu la même formule, avec un piano plus présent sur l'intro et une grosse ligne de basse groovy sur tout le morceau. Le refrain est bien accrocheur, mais le clou du morceau est son break, fulgurant, hyper riffé. Le solo vaporeux qui se greffe là-dessus viendra, j'en suis sûr, vous hérisser les poils ... de plaisir. Ouah !! J'adore.
Slow Down est un morceau plus lent, avec pas mal d'effets de synthés et de voix. Le rythme se fait plus rapide pour le refrain, sur lequel j'accroche un peu moins. Ca me rappelle un peu l'album solo de James LaBrie par moment. L'originalité du morceau vient encore du break dans lequel apparaît un saxophone (joué par Stefana Bentivoglio). Le son de la guitare sur Open Sky me fait penser à un morceau de Marillion (Asylum Satellite #1 de Happiness Is The Road), sinon c'est un des morceaux les plus calmes avec un beau solo de guitare assez Rothery-ien. Fading Out (Pt. 4) (la Pt. 3 se trouvait sur Phlegethon) sonne très Pain Of Salvation dans son style médiéval. Ici, ce sont les guitares acoustiques qui mènent la danse, la batterie est encore un spectacle à elle toute seule. Sur The Deeper Divide, calme, arpèges de guitares et voix envoûtante sur rythme de battement de cœur ; et il y a un invité au piano : c'est Fred Colombo, le pianiste de Spheric Universe Experience. Ce qui est sympa, c'est qu'on les avait vu ensemble lors de leur passage à l'Altherax. Vous trouverez aussi dans ce morceau un second break-de-la-mort-qui-tue, tout aussi inattendu que génial. J'aime me faire surprendre de la sorte. Pour le final, les lignes de basses se font hypnotiques, croisant le fer avec un petit solo de guitare tout en finesse. Un sacré morceau de plus de sept minutes. On The Barren Ground, est un morceau plus Dream Theater dans le style. Des changements de rythme de dingue, des riffs, des chœurs, un super chant, pffff, rien à redire. Le final decrescendo est de toute beauté. At The Same Pace est presque plus "pop" dans l'âme, les guitares assurent, le break calme est presque Pink Floyd-ien, le solo de guitare excellent. Encore une fois, c'est un vrai bonheur que d'écouter la ligne de basse que Francesco nous sort sur le final. Eidos est le morceau le plus long de l'album, avec plus de huit minutes. Les guitares se font agressives, les rythmes syncopés, mais c'était juste pour l'intro, car la suite retourne aux guitares acoustiques et piano. Kingcrow maîtrise vraiment l'art de surprendre son auditeur. Les lignes de chants sont subtiles, les chœurs qui doublent la voix de Diego apportent un vrai plus. Ce morceau est un bon résumé du style Kingcrow, en fait. Le rythme change souvent, accélère pour mieux ralentir ensuite et mettre en valeur les différents breaks. J'appelle ça de l'orfèvrerie musicale. Vers les six minutes, on découvre le troisième choc, le break riffé, qui supporte un chant en canon de Diego et de ses musiciens : c'est énorme. Frissons garantis ! On se termine avec If Only, un dernier (long) morceau plus calme qui me rappelle un peu encore Pain Of Salvation. L'intro de guitare acoustique sur nappes de synthé est particulièrement inspirée.

Au final, dix morceaux et plus d'une heure de musique de très grande qualité, que tous les amateurs de metal et rock progressif ne peuvent tout simple pas ignorer. Ils devraient même tomber sous le charme après seulement quelques écoutes. Et méfiez-vous, l'album devient dangereusement addictif au bout de très peu de temps. Une écoute attentive au casque révèle des petits trésors bien cachés. Essayez !  

Setlist de Eidos:

01. The Moth
02. Adrift
03. Slow Down
04. Open Sky
05. Fading Out (Part IV)
06. The Deeper Divide
07. On The Barren Ground
08. At The Same Place
09. Eidos
10. If Only