The Great Old Ones

Artiste/Groupe

The Great Old Ones

CD

Al Azif

Date de sortie

Avril 2012

Label

L.A.D.L.O. Productions

Style

Post-Black Metal

Chroniqueur

fifi59

Note fifi59

19/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Le Post-Black Metal a le vent en poupe. C'est un style particulier qui enracine la musique autour d'aspects Black Metal, associés à d'autres incluant des éléments pouvant notamment s'orienter vers le Post-Rock, l'Ambiant, le Post-Hardcore, le Metal Expérimental ou le Metal Atmosphérique, qui viennent donc enrichir le contenu.
Des groupes, il y en a pas mal, citons notamment Krallice (que j'ai découvert récemment et que je vous recommande), Wolves In The Throne Room (probablement l'un des ténors du genre) ou Seagulls Insane and Swans Deceased Mining Out the Void (dont l'album éponyme aurait pu (dû !) être un chef-d'oeuvre).

C'est dans cet univers, qui se révèle souvent fascinant, qu'oeuvre The Great Old Ones, combo français originaire de Bordeaux et fondé en 2011, que vous pourrez découvrir de façon plus approfondie dans l'interview.
Faisons les présentations si vous le voulez bien : Benjamin Guerry (chant, guitare), Jeff Grimal (chant, guitare), Xavier Godart (guitare), Sébastien Lalanne (basse) et Léo Isnard (batterie).

Al Azif
est le premier album de la formation, il s'articule autour de six titres pour un peu plus de cinquante-deux minutes de musique.
La première écoute, lorqu'il s'agit d'un album "qui a beaucoup de choses à dire", est importante pour se forger une opinion initiale, mais il est impossible de baser une chronique uniquement après celle-ci, il y a bien trop de détails à décortiquer et on peut accrocher (ou pas) et inverser la tendance (ou pas) lors des suivantes.

Commençons donc par cette première écoute et les sentiments qui en découlent :
- première constatation, la production, qui a été confiée à Cyrille Gachet (qui bosse avec Year Of No Light, qui me paraît être un autre groupe particulièrement talentueux), est parfaitement en phase avec le style pratiqué. Elle est de qualité, équilibrée et parvient sans peine à mettre en exergue les qualités de l'oeuvre,
- les compositions sont longues, elles varient fortement les ambiances, mettent en place des atmosphères prenantes, sombres, les tempi sont variés, les morceaux contiennent des accélérations foudroyantes ainsi que des plages atmosphériques. Bref, la diversité est indéniable et interdit toute linéarité qui, de toute façon, est inimaginable lorsqu'on pratique cette musique !
- les claviers ont une part fondamentale dans le développement des ambiances... nous y reviendrons plus tard,
- l'interprétation est brillante, le chant clair est banni, les vocaux extrêmes sont impeccables, la maturité s'avère indéniable, nous sommes au coeur de ce qui se fait de mieux dans le style !

Voilà, ça, c'est mon opinion après une seule écoute.

Rapidement, d'autres écoutes furent menées, les détails, les contrastes étant légion au sein de la musique de TGOO.
Que les choses soient immédiatement spécifiées : la claque reçue lors de la première écoute a été amplifiée lors des suivantes. Oui, TGOO a de la carrure, ça s'entend, ça se ressent et, franchement, ça impressionne.
Rendons-nous bien compte que nos frenchies sont au début de leur carrière et qu'on a l'impression (pour moi c'est toutefois un peu plus qu'une impression) qu'ils sont l'un des chefs de file du genre... oui, rien que ça !

Permettez-moi de ne pas me livrer au jeu des influences, de citer des groupes avec lesquels établir un parallèle. TGOO est un combo jouissant d'une personnalité affirmée au sein du genre, il n'a rien à envier à qui que ce soit et c'est dans cet optique que j'ai décidé de me plonger rapidement et sans réserve, ou quelque interrogation que ce soit, dans cet univers qui m'a littéralement scotché.

Lorsqu'on démarre l'album avec Al Azif, on se dit qu'on pourrait bien découvrir un groupe de Doom Funéraire. Le début est en effet sombre, écrasant... puis c'est la première des accélérations auxquelles nous auront droit tout au long de l'album. La voix extrême est parfaitement mixée, la musique est puissante et intense, avec ralentissements, accélérations, installation de passages atmosphériques du plus bel effet (avec vocaux chuchotés et éléments psychédéliques).

A ce stade de la chronique, je vais faire un aparté qui me semble important : je me suis fait avoir lors de cette première écoute, et je ne pense pas être le seul !! Cette superbe mélodie à base de nappes de claviers nous propose une approche presque symphonique, cinématographique, dans tous les cas fascinante... sauf qu'il n'y a pas de claviers dans la musique de TGOO !! Et oui, elle est en fait l'oeuvre des trois guitaristes de la formation ! On imagine alors le boulot, considérable, effectué concernant la mise en place du rôle de chaque guitare ainsi que celui, fondamental, de la mise en son, qui induit ce sentiment particulièrement jouissif d'avoir, et ce sur l'intégralité d'Al Azif, une musique riche, dense, magnifiée par des nappes de claviers... pardon, de guitares. Amis lecteurs, je trouve que c'est un énorme "plus" à attribuer à TGOO !

Reprenons maintenant le cours de la chronique. Ce qui m'a fait craquer, dès la première écoute, sur TGOO, c'est sans doute cette facilité à nous attirer puis à nous retenir prisonniers de cette musique, dotée de somptueux arrangements atmosphériques divers et variés, d'atours mélodiques qui nous maintiennent dans une sorte de bien-être, de dépendance, nous interdisant toute déconnection de l'univers de TGOO... Oui, et ça c'est seulement après un titre !! 

Et la suite me direz-vous, c'est toujours aussi énorme ? Allez, ne nous arrêtons pas en si bon chemin et poursuivons notre voyage pour répondre précisément à cette question. Visions of R'lyehon continue exactement sur les mêmes bases, avec toujours ces ambiances remarquables et cette grande diversité. Mais attention, si les similitudes sont indéniables en théorie, il n'en va pas de même en pratique, la trame mélodique étant bien différente. Le degré de fascination pour cet univers sombre, mystérieux, qui caractérise la musique de la formation est régulier, inaliénable. La dextérité instrumentale des musiciens, les multiples touches d'aspects mélodiques, omniprésents, ont le don pour émerveiller les sens...
Jonas suit, nous accueillant avec le bruit de la mer, le ressac des vagues, doux, apaisant... et c'est un début imposant, heavy, lent qui suit, nous orientant rapidement vers des sonorités plutôt planantes. La lenteur semble être à l'ordre du jour sur cette compo, la mélodie est toujours haut de gamme, l'ennui ne s'installe jamais... puis c'est l'incontournable accélération, comme d'habitude au bon endroit au bon moment, pour entraîner l'auditeur sur un autre terrain... puis sur un autre, à la faveur d'un passage bien planant, puis carrément acoustique, calme, posé... puis on repart sur un tempo échevelé qui ne le restera pas bien longtemps, le rythme est incroyablement prenant, entêtant... et puis il y a toujours ces mélodies qui nous happent si facilement, et cette fin qui, sur peu de temps, nous offre trois grandes forces de TGOO : le mid-tempo délivrant des ambiances grandioses, d'une puissance considérable, l'atmosphérique qui nous offre un espace de tranquillité, de calme et l'accélération qui achève de nous combler et nous fait nous diriger vers le titre suivant, sonné par ce groupe qui est d'ores et déjà dans la cour des Grands !
Rue d'Auseil démarre de manière bien mélancolique, il nous fait chavirer dès le départ, alors que nous n'en sommes qu'aux prémisces de la compo... cette atmosphère est toujours vivace ensuite, au gré de passages lourds, magnifiquement secondés par des vocaux charismatiques et quelques légères touches prog. Puis le tempo s'accélère, nous entraînant, immanquablement, vers un passage atmosphérique nous permettant de reprendre notre souffle, avec un petit solo bien agréable. La fin du morceau sera de nouveau variée, refusant par conséquent tout conformisme... une composition chez The Great Old Ones est passionnante de la première à la dernière seconde !
The Truth fait son apparition, nous plongeant dans une ambiance planante, sombre. Le tempo est lent, l'atmosphère est toujours aussi captivante. Cette fois, il faudra attendre près de cinq minutes pour que le tempo s'accélère, mais est-ce un problème ? Absolument pas, tout est fait pour maintenir l'attention quelque soit le rythme ou l'ambiance, rien à craindre avec ce groupe, le décrochage est exclu ! Pour la suite du morceau, essentiellement instrumental, la basse est en avant, "puissance" rime avec "atmosphérique". C'est finalement sur un court passage mettant la batterie à l'honneur qu'il s'achève.
Durant près de trois minutes, My Love for the Stars (Cthulhu Fhtagn), l'ultime composition présente sur Al Azif, nous fait de nouveau naviguer dans des eaux peuplées d'aspects ambiant, d'atmosphères calmes ornées de guitares aériennes, puis c'est sur un tempo rapide qu'il se poursuit mais, et ceci est d'ailleurs valable pour l'ensemble de l'album, malgré les vocaux extrêmes, la puissance dégagée, jamais je n'emploierai le mot "violence", les aspects mélodiques inhérents aux diverses ambiances étant une composante fondamentale de la musique dans Al Azif. Le morceau nous propose également ces passages toujours si réussis, au rythme plus modéré, ainsi que d'autres planants, emprunts d'une mélancolie palpable. 

Voilà, le voyage est terminé, mais vous savez ce qui est génial lorsqu'on finit l'écoute d'une telle merveille ? Et bien c'est de pouvoir l'écouter de nouveau, encore et encore, pour recommencer ce voyage si palpitant ! Al Azif est un indéniable coup de maître, et ce dès les débuts discographiques de The Great Old Ones. Ce magistral premier opus est emprunt d'une maturité phénoménale, d'une inspiration continuelle, d'une interprétation hors pair et le tout est sublimé par une production impeccable qui permet d'apprécier sans réserve l'album.
Vous l'aurez compris, Al Azif doit absolument figurer dans votre discographie, je vous recommande donc chaudement de le commander ou de l'acheter dès sa sortie !
Pour ma part, la commande est passée !

Tracklist de Al Azif :

01. Al Azif
02. Visions Of R'lyeh
03. Jonas
04. Rue d'Auseil
05. The Truth
06. My Love For the Stars (Cthulhu Fhtagn)

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