Artiste/Groupe:

Van Halen

CD:

Women And Children First

Date de sortie:

1980

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

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Comme d'autres hardos endeuillés, je réécoute pas mal de Van Halen depuis quelques jours. Essentiellement les premiers, je l'avoue, mais tout de même un peu de la période Hagar que je connais nettement moins... Et là, au moment de participer à l'hommage à Eddie, je constate que Women And Children First n'a jamais été chroniqué sur notre site. Ca tombe bien (enfin, façon de parler, nous aurions évidemment préféré ne pas avoir à concocter cette édition spéciale Van Halen... ou dans d'autres circonstances, moins funestes, en tout cas), il s'agit d'un de mes disques préférés du fameux supergroupe américain et cette erreur va pouvoir être réparée.

Après un premier album en 78 et sa suite en 79, Women And Children First sort en 1980... le rythme trépidant des sorties de Van Halen est conservé. Mais ce troisième opus adopte une approche légèrement différente que le II paru un an plus tôt. Et c'est tant mieux. Non pas que je n'aime pas le deuxième effort de ces messieurs, je le trouve même très sympa... mais il faut reconnaître qu'il décline la même formule que son prédécesseur, en moins percutant (comme vous l'avez lu dans la chronique de mon estimé collègue, ce disque avait été enregistré très rapidement avec une grande majorité de titres non utilisés pour le premier album). Succéder à un album aussi fort que l'était le premier Van Halen n'était pas chose aisée et on peut dire que son successeur, même s'il a pu parfois décevoir quelques auditeurs, ne s'en sort finalement pas si mal. Cependant, comme je commençais à le dire ci-dessus, le troisième disque va emprunter un autre chemin. Un peu moins fun ou léger, plus énergique et rentre-dedans. Cette fois-ci, pas de chutes remaniées, que des nouveaux morceaux et, c'est une première, aucune reprise, que de la compo originale fraîchement écrite pour l'occasion ! Et en plus, l'album a un vrai titre, ça aussi c'est nouveau !

Ce qui ne change pas, c'est le line-up, le talent d'écriture et d'interprétation du quatuor, le producteur (Ted Templeman) et la durée très courte de la galette (trente-trois minutes). Ce qui fait plaisir, c'est cette niaque retrouvée (elle n'était pas partie bien loin, je vous l'accorde). La plupart des morceaux présentés ici sont plus fougueux que les pistes de l'album précédent. Ca "dance" clairement moins la "night away" si vous voyez ce que je veux dire (je précise que je n'ai rien contre ce titre, bien au contraire) ! En ouverture, And The Cradle Will Rock respecte la tradition d'une première chanson sur un disque de Van Halen, un bon hard rock mid-tempo, pas trop excité, qui pose les choses comme il faut. Le riff est solide, le solo virtuose, le refrain fédérateur et taillé pour la scène, c'est un hymne. Pour ne rien gâter, le son est top, chaleureux, dynamique avec une basse qui ressort joliment. Ensuite : Everybody Wants Some!!... Bienvenue dans la jungle (comme dirait Axl) ! Le titre est anormalement long pour du Van Halen de l'époque (un peu plus de cinq minutes) et démarre sur une intro toute en percussions, basse et cris d'un David Lee Roth déchainé (il éructe, en fait des caisses, il se fait bien plaisir). Une compo rock, fun tout en gardant une certaine noirceur, et somme toute assez surprenante. Puisqu'on parle de surprise, en voilà une autre avec Fools, un morceau frôlant les six minutes dont l'intro sue le blues avant de partir sur un petit solo laissant place à un tempo enlevé sur lequel se pose un riff assez gras. Pleine de groove et pourtant non dénuée d'une certaine lourdeur, Fools offre de belles harmonies vocales sur le refrain... ça fait voyager et, comme à l'accoutumée, ça joue d'enfer ! On sent que le groupe ne se pose pas de limites, il étire son morceau comme il l'entend, la guitare d'Eddie est reine mais ne vole finalement pas tant que ça la vedette tant tous les intervenants ont quelque chose à offrir et tirent leur épingle du jeu (Roth se lance encore dans des vocalises délirantes sur la fin du morceau, on connaît le monsieur, il n'est pas du genre à garder sa gouaille dans sa poche). A ce stade du disque, une certitude s'impose, on n'est pas sur une redite de l'album précédent. Et le meilleur reste à venir... 

En effet, après cette belle entrée en matière, c'est Romeo Delight qui nous régale. La compo est plus rapide que ce qui a précédé et la section rythmique attaque d'une façon qui peut rappeler de loin le Stone Cold Crazy de Queen. Pas d'accalmie à l'horizon, donc. Eddie sort le grand jeu, tout est parfait, le riff principal tout comme les passages plus posés sur le break qui succède à un solo bien endiablé. Sans doute ma chanson préférée de l'album. Tora! Tora!, la piste suivante, dure cinquante-six secondes... on se dit que ça va être un petit solo mais non, c'est une sorte d'intro au morceau suivant, sombre, qui voit les cris délirants de Roth se poser sur un riff qui pourrait sortir d'un vieux Black Sabbath... et le morceau suivant, c'est Loss Of Control, un délire speedé (le plus véloce sur ce disque) qui part dans tous les sens. Décidément, on ne s'ennuie pas avec ce troisième album pour le moins imprévisible. Retour en terre bluesy avec Take Your Whiskey Home et son démarrage acoustique qui laisse place à rock mid-tempo qui ne manque pas de swing. Could This Be Magic? est un numéro acoustique qu'on croirait enregistré en fin de soirée (bien arrosée), le jeu d'Eddie sur guitare sèche est un régal, Roth fait preuve de plus de retenue qu'auparavant, le refrain et les chœurs dispensés par tous les convives (il y a même une chanteuse) sont irrésistibles, tout comme le feeling léger/fun qui se dégage de ce titre. Enfin, retour au rock mélodique avec In A Simple Rhyme, une chanson sympathique qui ne m'a jamais vraiment marqué et n'offre pas (à mon sens) une conclusion mémorable à ce disque. 

Je comprends pourquoi certains n'adorent pas ce Women And Children First ou hésitent à le classer parmi les grands Van Halen... il lui manque un côté tubesque (qui reviendra en force un peu plus tard sur le fameux 1984), c'est vrai. Avec davantage de morceaux à la Dance The Night Away ou Panama, il serait sans doute plus facile d'accès. Je n'irai pas jusqu'à prétendre qu'il est parfait mais je l'aime (beaucoup) pour son côté plus incisif, légèrement expérimental et foufou. C'est ainsi que Van Halen aborda les 80s : avec talent et panache. 

Tracklist de Women And Children First :

01. And The Cradle Will Rock
02. Everybody Wants Some!!
03. Fools
04. Romeo Delight
05. Tora! Tora!
06. Loss Of Control
07. Take Your Whiskey Home
08. Could This Be Magic?
09. In A Simple Rhyme

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