Artiste/Groupe:

White Miles

CD:

The Duel

Date de sortie:

Avril 2016

Label:

SPV

Style:

Garage Rock

Chroniqueur:

Didier

Note:

16.5/20

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La musique tyrolienne ça vous plait ? Parce que moi, pas. Mais il n’est pas question ici de musique traditionnelle tyrolienne, de culotte de peau, ni de plume au chapeau. Non il s’agit de Rock n’ Roll, mesdames et messieurs et le Rock n’ Roll n’a pas de frontière, et c’est bien un groupe du Tyrol dont il s’agit ici. En fait de groupe, c’est un duo, ce qui n’est pas courant non plus, avec à la batterie Hansjörg Lofereret  dit "Lofi" et au chant et à la guitare Medina Rekic. J’ai découvert le groupe en première partie de Blues Pills et même si ça n’est pas toujours facile de découvrir un groupe lors d’un concert, je dois reconnaitre que leur prestation m’avait vraiment convaincu. J’avais aussi pu discuter avec Medina et Lofi après leur set, et ils m’avaient l’air bien cool. Une interview est d’ailleurs en cours.

Ce nouvel album, The Duel, est le second du groupe après Job: Genius, Diagnose: Madness, sorti fin 2014. Entre les deux, le groupe a beaucoup tourné, signant notamment les première parties de la tournée mondiale des Eagles Of Death Metal. Eh oui, du coup, ce sont bien eux qui ouvraient aussi lors de cette triste date du 13 novembre au Bataclan. Le duo avait fini son set, et était sorti manger un morceau au coin de la rue. En sortant ils ont salué leur pote Nick Alexander, responsable du stand de merchandising. Quand ils ont voulu revenir, le carnage était en cours, vous connaissez la suite. Vous pouvez lire (en anglais) plus de détail de leur traumatisante expérience dans cette interview accordée à Rolling Stone Magazine. Ca fait froid dans le dos. Mais ils ont soigné le choc en repartant sur les routes, en terminant la tournée avec les Eagles of Death Metal, puis assurant celles des Truckfighters, de The Answer, de Courtney Love aux US, de John Garcia et en enchainant avec celle des Blues Pills. Avant ça, ils ont donc bossé sur cet album, en privilégiant la spontanéité et ont choisi de tout enregistrer live, sur équipement analogique, dans un studio au Lichtenstein avec Micko Larkin (Courtney Love, Hole) à la production. Le résultat est là : du garage rock, cru, minimaliste, intimiste, prenant, dérangeant, bluffant, tantôt survolté, tantôt déprimant, parfois stoner, d’autres fois plus punk ou carrément bluesy. En fait, en écoutant l’album et en fermant les yeux, j’ai même l’impression de me retrouver devant la scène du Jas Rod, il y a quelques semaine. L’énergie rock que dégage l’album est impressionnante. Si le titre The Duel et la photo de la pochette semble indiquer une certaine situation conflictuelle entre les deux musiciens, je peux vous garantir que, lors du concert, j’avais été impressionné par leur connivence, ils semblaient en permanence connectés l’un à l’autre du regard pendant tout le set.

L’album est assez court, et alterne des morceaux au chant hargneux et punkisant (guitare et voix distordues), comme Sickly Nerves, In the Mirror avec d’autres plus stoner comme Crazy Horse, A(n) Garde ou encore plus lancinant et minimaliste comme l’excellent Insane to the Bone. Le chant de A Good Pennyworth est un peu hystérique, alors que Coke on a Jetplane est plus acoustique. Sur ce dernier, Lofi vient chanter en duo avec Medina. Je ne sais pas si le texte est autobiographique, mais Lofi sonne très fatigué sur la fin. A(n) Garde est un des morceaux les plus réussis, le chant de Medina est doublé par elle-même, et ça rend particulièrement bien. La batterie est géniale sur tout le morceau et notamment l’intro. On pense entendre de la basse, mais Medina m’a juré que non, donc c’est certainement de la guitare accordée bas.




Sur Heid, c’est Lofi qui chante, enfin plutôt, qui parle, l’ambiance est assez bluesy. C’est encore lui qui se lance dans un monologue, d’une minute, une sorte de poème d’un type complètement défait, qui sert d’intro au très mélancolique River Of Gold dans lequel Medina reprend le contrôle de la voix, et prouve qu’elle a un spectre vocal assez large. L’album se termine sur un long Keep Your Trippin’ Wild, un morceau mid tempo, chanté en duo et bâti sur un gros riff. Sur le refrain, Medina et Lofi se répondent. Le final s’excite, plus lancinant, avec un effet de fade-out, fade-in assez déjanté. Le tout est assez caractéristique de l’esprit créatif et du son de White Miles.
 
L’ensemble est un bon album qui mérite vraiment que vous y tendiez votre oreille avertie. Le manque de basse ne se fait pas trop sentir (et ça me fait un peu mal de l’avouer). Medina réalise assez peu de solo et le jeu de Lofi est assez riche. Elle assure de bonnes rythmique et de bons refrains accrocheurs (comme sur In The Mirror). Le côté minimaliste de l’ensemble me fait un peu penser à l’excellent premier album de Walking Papers, le côté pur rock n’ roll et la voix me font aussi penser à Dallas Frasca (tiens, d’ailleurs, elle non plus n’a pas de bassiste, décidément, tout fout le camp). Bref White Miles réalise ici une belle prestation dans une ambiance quasi palpable de rock vintage zéro chichi. Et moi, j’aime les histoires d’ambiance !



Tracklist de The Duel :

01. Sickly Nerves
02. In the Mirror
03. Crazy Horse
04. Insane to the Bone
05. A Good Pennyworth
06. Coke on a Jetplane
07. A(n) Garde
08. Heid
09. Don’t You Know Him
10. River of Gold
11. Keep Your Trippin’ Wild