Groupe:

Kreator + Sepultura + Soilwork + Aborted

Date:

26 Février 2017

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Kreator, Sepultura, Soilwork et Aborted ensemble ? Voilà une belle affiche qui mélange les styles, les nationalités… et qui ne rigole pas ! Immanquable pour le fan de thrash brutal, voire death, ou de mélodeath, assurément. D’ailleurs, en arrivant devant le Bataclan un peu avant 18 heures, on peut voir une belle file d’attente qui part de la salle, continue sur le trottoir et s’étend dans une rue perpendiculaire… Les fans ont visiblement fait le déplacement, ça promet !

Ce sont les Allemands qui tiennent le haut de l’affiche et j’ai bien hâte de me reprendre une petite claquasse de leur part, d’autant plus que j’ai trouvé leur Gods Of Violence particulièrement efficace. Mais les autres groupes m’intéressent également. Je n’ai beau pas être un grand fan de Sepultura (eh oui, que voulez-vous, personne n'est parfait), j’ai trouvé des choses intéressantes dans leur Machine Messiah, j’aime beaucoup Soilwork… Quant à Aborted, sur le papier, ce n’est pas trop pour moi (trop brutal pour mes petites oreilles fragiles) et je ne m’y suis donc jamais intéressé… Et ce n’est pas aujourd’hui que j’en apprendrai plus étant donné qu’au moment où le groupe monte sur scène (avant 18 heures), je suis encore dans la longue file d’attente dehors et le temps que j’arrive dans la salle, le court set de nos voisins belges est déjà terminé. Rendez-vous manqué… mais je compte bien ne pas perdre une miette de Soilwork

 

SOILWORK

Soilwork monte sur scène à 18h35 pour un set qui va durer à peu près quarante minutes. Je ne les ai pas vus sur la tournée de l'album The Ride Majestic mais je garde un excellent souvenir de leur prestation au Divan Du Monde en 2014.

Depuis cette dernière rencontre avec les Suédois, le line-up a bien changé. Dirk Verbeuren s’en est allé martyriser ses fûts chez Megadeth et le bassiste Ola Flink n’est plus là non plus…  ça, j’étais au courant mais ce que je ne savais pas, c’est que le guitariste David Andersson ne serait pas là non plus ce soir. Le groupe n’a pas annoncé son départ, peut-être qu’il n’était pas disponible pour la tournée, on en saura sans doute davantage prochainement… En tout cas, il est remplacé par un gars plus chevelu et très motivé. Comme d’habitude avec Soilwork, le niveau technique est très élevé et les musiciens fraîchement recrutés pour remplacer leurs illustres prédécesseurs ne déméritent aucunement. Le batteur qui a la lourde tâche d’assurer les parties endiablés de Verbeuren a l’air bien jeune mais il assure comme un chef, en toute décontraction. Son jeu n’est pas très physique et il n’en fait visiblement pas des tonnes mais tout est en place. La démonstration sur un morceau comme Late For The Kill, Early For The Slaughter est plus qu’impressionnante. 

Mais commençons par le début. Le sextet attaque son set avec The Ride Majestic qui sera d’ailleurs la seule chanson extraite de son dernier opus. Il est déjà sorti il y a un petit moment et le concert sera court, Soilwork va donc puiser dans d’autres disques, très récents pour la plupart. Un petit classique de la vieille époque va se faufiler dans le show, il s’agit de Bastard Chain (album A Predator’s Portrait). A part ça, ce sont des compos de The Living Infinite, The Panic Broadcast et Stabbing The Drama qui seront présentées. Deux de chaque album, exactement. Il y avait pourtant bien la chanson The Chainheart Machine écrite sur la setlist mais celle-ci a été zappée (manque de temps ?). Dommage. 

Les musiciens affichent une belle forme, les guitaristes sont les plus expressifs (notre Sylvain Coudret national sort une belle panoplie de grimaces sur ses solos, il a l’air de s’éclater) mais Markus Wibom à la basse n’est pas en reste non plus et épaulera régulièrement Bjorn Strid avec des chœurs bien virils. Cerise sur le gâteau, l’accueil du public est très favorable et les pogos et slams n’attendent pas les têtes d’affiches pour commencer. Il y a même eu un petit wall of death sur le début de Two Lives Worth Of Reckoning, quelques minutes après que Bjorn ait demandé au public «Can you feel the love ? ». Paradoxal, n’est-ce pas ? 

Malgré toutes ces bonnes choses, ce mini-concert me laisse sur ma faim. Ce n’est ni la faute du groupe, ni celle du public… c’est un problème de son. Comme souvent avec les groupes de premières parties. Ce soir, c’est la batterie qui mange tout, la guitare de Sylvain est trop en retrait et on peine à entendre ses excellents solos, il faut tendre l’oreille et se concentrer pour reconnaître certaines parties, tout comme la voix de Bjorn ou les claviers de Sven Karlsson. L’ensemble est très brouillon et ça gâche un peu la fête, bien qu’une certaine puissance se dégage du show de Soilwork, on passe à côté de beaucoup de détails qui rendent leur musique intéressante. Au plaisir de les revoir donc... mais dans de meilleures conditions.

Setlist Soilwork :

01. The Ride Majestic
02. Nerve
03. Rise Above The Sentiment
04. Bastard Chain
05. The Living Infinite I
06. Two Lives Worth Of Reckoning
07. Late For The Kill, Early For The Slaughter
08. Stabbing The Drama

 

SEPULTURA

L’accueil réservé aux Suédois était loin d’être ridicule mais quand les Brésiliens de Sepultura investissent la scène du Bataclan, c’est tout de suite autre chose. Quelle ambiance ! Quand le public parisien scande le nom (ce qu'il fera à plusieurs reprises entre les chansons), il prend même un accent portugais, dites-donc, si c’est pas beau ça… 

Sepultura lance les hostilités avec deux titres provenant de Machine Messiah : I Am The Enemy et Phantom Self. Et ça commence fort. Le son est meilleur qu’il ne l’était pour Soilwork même s’il n’est pas encore parfait. Derrick Green est impressionnant, physiquement et vocalement… mais celui qui va très vite capter mon regard et faire en sorte que j’oublie un peu les autres, c’est Eloy Casagrande. Quel batteur !! La démonstration de force du monsieur est scotchante… Ce cogneur s'en prend à sa batterie comme si elle lui avait fait un sale coup juste avant le show, la pauvre s'en prend de tous les côtés, c'est à se demander comment elle tient encore debout. Après une telle dépense d’énergie, on imagine que Casagrande ne doit pas avoir de difficultés à trouver le sommeil ! 

Le set est partagé entre nouvelles compositions (pas moins de cinq, quand même) et quelques classiques de l’ère Cavalera piochés dans des albums comme Beneath The Remains (Inner Self), Arise (Desperate Cry), Chaos AD (Refuse/Resist) et Roots (Ratamahatta et Roots Bloody Roots). Le seul album de la période Green – autre que Machine Messiah - qui aura le droit d’être représenté ce soir est Against avec le titre Choke. Les nouveaux morceaux sont plutôt bien accueillis mais c’est évidemment sur les vieilles chansons que le public réagit le plus… ça chante et saute dans tous les sens, les gars de la sécurité sont bien occupés à réceptionner les slammers de l’autre côté des barrières qui séparent la scène de la fosse. 

Comme je le disais plus haut, je ne suis pas un grand fan de Sepultura, je ne vais donc pas mentir en prétendant que j’ai trouvé tous les morceaux géniaux. En revanche, le groupe était bien en place et leur prestation s’est avérée aussi carrée qu’efficace. Les interventions de Derrick Green (qui s’est même fendu de quelques mots en français) et Andreas Kisser étaient sympas et le public semble avoir beaucoup apprécié. Dommage que le groupe n’ait pas recruté de second guitariste pour les tournées, cela manque un peu parfois (lors du solo de Refuse/Resist, ce fut particulièrement flagrant). Bref, le set fut musclé et l'ambiance très sympa.

Setlist Sepultura :

01. I Am The Enemy
02. Phantom Self
03. Choke
04. Desperate Cry
05. Alethea
06. Sworn Oath
07. Inner Self
08. Resistant Parasites
09. Refuse/Resist
10. Ratamahatta
11. Roots Bloody Roots

 

KREATOR 

20h30 pétantes, c’est l’heure de Kreator. Intro très brève, le groupe monte quasiment tout de suite sur scène et alors que je m’attends à me prendre un morceau du nouvel album, c’est Hordes Of Chaos qui ouvre le bal. Le titre en question avec son fameux « everyone against everyone » sur le refrain met toujours sa petite claque. Sur ce premier morceau, pas de photographes au pied de la scène parce que les thrashers teutons ont prévu des canons…  à confettis, rassurez-vous. Marrant, comme ça, j’aurais plutôt tendance à dire que l’association Kreator et confettis ne va pas de soi mais tout est possible. Le deuxième titre est l’un des très rares rescapés des années 90, à savoir Phobia (album Outcast). Pour avoir une autre composition issue de cette décennie, il faudra attendre la cinquième chanson de la soirée : People Of The Lie, extraite de Coma Of Souls. Il faut dire que les 90s ne sont pas les années les plus appréciées par les fans férus de thrash car elles donnèrent lieu à des albums souvent moins thrash et plus expérimentaux. 

Kreator étant la tête d’affiche de la soirée, il hérite évidemment du meilleur light show et du meilleur son de la soirée. Là, c’est bon, on entend tout, les riffs et solos sont bien compréhensibles même si les guitares auraient pu être encore un peu plus en avant dans le mix… 

Les Allemands n’ont pas oublié qu’ils avaient un nouvel album sous le coude et, après Phobia, c’est Satan Is Real et son riff génial qui débarquent ! En plus du backdrop reprenant l’illustration de Gods Of Violence au fond de la scène, des écrans ont été disposés et on retrouve donc des images du clip de Satan Is Real pendant que le morceau est joué. On a bien senti ces dernières années que Kreator accordait de plus en plus de place au visuel dans ses concerts, celui-ci en sera encore une fois l'illustration. Il y a donc du canon à confettis (qui sera encore utilisé sur Enemy Of God), des jets de fumée sur le refrain de Phobia, du beau backdrop, des écrans, une plate-forme située au dessus de la batterie sur laquelle Christian Giesler et Sami Yli-Sirniö (respectivement bassiste et guitariste) font quelques petits passages, deux gars masqués qui viennent jouer du tambour sur l'intro Apocalypticon, Mille Petrozza qui brandira un grand drapeau avant que le groupe nous assène la fameuse Flag Of Hate... Eh bien, on ne se refuse rien pour divertir l'assistance à ce que je vois ! C'est bien, on ne va pas s'en plaindre... surtout que, niveau communication entre Kreator et son public, c'est toujours un peu limité. Mais bon, faut savoir ce qu'on veut : c'est pas en racontant sa vie entre deux chansons que Petrozza arriverait à caser dix-huit morceaux en une heure trente de show ! 

Et niveau setlist alors, du changement ? Les Allemands proposent quelques nouveautés et surprises. D'abord, et ça ce n'est pas spécialement surprenant, il y a un peu d'inédit avec cinq chansons extraites de Gods Of Violence. Et là, je constate que le groupe n'a pas sélectionné les plus décoiffantes de l'album en question, World War Now et la chanson titre mises à part. En effet, il opte plutôt pour des titres assez mélodiques et mid-tempo comme Satan Is Real, Fallen Brother (pendant lequel défilent, sur les écrans, des photos de musiciens disparus, allant de Cliff Burton à Chuck Schuldiner en passant par Prince...), ou Hail To The Hordes (avec, cette fois, des photos de fans). Peut-être que certains auraient aimé se prendre en plein poire des nouvelles compos plus ravageuses comme Totalitarian Terror ou Army Of Storms mais, à bien y réfléchir, le choix de Kreator est assurément le bon. Oui, car si le combo ne balançait que de nouvelles bombes thrash furieuses, le set ne serait pas très varié vu que quand il pioche dans ses albums précédents, c'est très souvent pour sélectionner des titres assez speed et brutaux (Hordes Of ChaosPhantom Antichrist, Civilization Collapse, Enemy Of GodExtreme Aggression, Flag Of Hate, Pleasure To Kill...). Un show entièrement bâti sur le même tempo serait épuisant. Alterner le thrash qui dépote et quelques moments plus mélodiques (mais bon, n'exagérons rien, ce ne sont pas des ballades non plus) me semble donc nécessaire. Pour revenir vite fait aux surprises, il y en a eu surtout sous la forme de vieilles compos que le groupe n'avait pas jouées depuis un moment. Ainsi, Total Death ou Under The Guillotine ont bien régalé les fans de la première heure. 

A part cela, ce fut du pur Kreator... avec une fosse bien excitée et sans cesse relancée par un Petrozza qui encouraga notamment les fans à créer le plus gros mosh pit que le Bataclan ait jamais eu. On l'a connu plus belliqueux d'ailleurs, le Mille. Bien sûr qu'il a largement sollicité du pogo et autre joyeuseté, mais il a quand même dit qu'on était là pour célébrer la paix et le metal... Alors comme ça, vous pensiez qu'il avait juste envie de voir des fans se foutre sur la gueule (mais gentiment, avec le sourire, hein) ? Eh bien non, il a un coeur, le monsieur. Il a également rappelé les liens forts qui unissent la France à son groupe, nous a remercié d'avoir toujours été là, dans les bons moments comme dans les mauvais, et a promis que Kreator serait également toujours là pour nous.

Après un rappel majoritairement old-school composé de la très bonne Violent Revolution suivie des terrassantes Flag Of Hate, Under The Guillotine et Pleasure To Kill (il tient bien le rythme, le Jürgen Reil... batteur de Kreator, c'est pas le boulot le moins physique au monde), le quatuor quitte la scène non sans la dernière intervention rituelle de Petrozza : "The Kreator will be back!"... Evidemment, il manquerait plus que ça !! On compte sur vous, messieurs.

Setlist Kreator :

01. Hordes Of Chaos
02. Phobia
03. Satan Is Real
04. Gods Of Violence
05. People Of The Lie
06. Total Death
07. Mars Mantra/Phantom Antichrist
08. Fallen Brother
09. Enemy Of God
10. From Flood Into Fire
11. Apocalypticon/World War Now
12. Hail To The Hordes
13. Extreme Aggression
14. Civilization Collapse
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15. The Patriarch/Violent Revolution
16. Flag Of Hate
17. Under The Guillotine
18. Pleasure To Kill

 

Merci à tous les groupes pour cette très bonne soirée placée sous le signe de la maltraitance des cervicales.